Le Parfum des poires anciennes
de Ewald Arenz

critiqué par Pascale Ew., le 5 août 2023
( - 57 ans)


La note:  étoiles
Coup de coeur
Sally erre sac au dos après s’être enfuie lorsqu’elle croise Liss dont le tracteur est coincé dans ses vignes. Cette dernière lui propose de loger dans sa ferme pour la nuit. Ces deux femmes de peu de mots se sont trouvées. Toutes deux blessées par la vie, elles vont progressivement se mettre à travailler ensemble dans la ferme de Liss. Très secrètes, elles cachent leurs blessures bien enfouies dans leur silence : Liss, quarante-neuf ans, vit retirée de tous et elle abrite une grande colère notamment vis-à-vis de son père qui l’a élevée à la dure. Elle s’en veut de rester dans cette ferme familiale dont elle a tant voulu s’éloigner étant jeune.
Sally, dix-sept ans, est anorexique et se scarifie. Elle ne se sent comprise par personne, ni par ses parents ni par ceux qui tentent de la soigner, et ne se sent nulle part à sa place. La liberté qu’elle trouve chez Liss qui l'accueille sans rien lui imposer lui fait du bien.
Hélas, le roman se termine sur une fin ouverte… Dommage !
J’ai beaucoup aimé cette relation d’apprivoisement pudique entre les deux femmes qui se retrouvent l’une dans l’autre. C'est tout le contraire des personnages de Melissa Da Costa : Liss et Sally se taisent et communiquent très peu par mots. Tout est dans leurs actions, leurs silences, ce qui me semble beaucoup plus réaliste ou en tous cas, plus courant. Le lecteur découvre leurs secrets petit à petit, surtout ceux de Liss. L’écriture est tout en délicatesse et tous les sens sont sollicités dans ce travail à la ferme et cette nature qui permettent à Sally (et à Liss) de se reconnecter au réel, au sens de la vie.