L'odeur de la menthe
de Anne Kanapitsas

critiqué par Clarabel, le 16 novembre 2004
( - 48 ans)


La note:  étoiles
Pas évident
Roman qui se lit vite, "L'odeur de la menthe" est le premier d'une jeune inconnue au bataillon - Anne Kanapitsas. On entre dans ce roman comme dans le salon de Monsieur Vincz (l'un des personnages) : ambiance feutrée, veloutée, chaude, lumineuse et silencieuse, pieuse. Qui débarque là ? Agathe, une jeune fille qui vient de fuir quelque part, partir d'un endroit qui demeure terriblement marquant pour elle. Car dans cet appartement silencieux et trop calme, les souvenirs s'acharnent et reviennent par vagues. Ils l'assaillent - "comme si toutes les émotions que je n'avais pas eu le temps ou la force d'éprouver à l'institution surgissaient enfin". Donc reviennent ces instants pénibles et nostalgiques du temps passé à être soignante dans un institut pour handicapés mentaux. En y pensant, des mots forts viennent de sa plume - débiles, mépris, saleté, violence. Mais Agathe, elle, a su supporter tout ça sans ciller. Son histoire, finalement, est terriblement creuse : silence chez Monsieur Vincz, violoncelliste, qui s'enferme dans sa pièce, ne parle jamais, sauf par écrit. Et ce silence est ce qu'on retient en fin de roman - ça et puis cette odeur de menthe. Pour un roman délicat, sensible et mine de rien poétique, "L'odeur de menthe" s'y colle parfaitement. Pas évident à retranscrire tout ce silence et ce vide qui remplit le livre, ça le rend très touchant, émouvant presque.