Notre jeu
de John le Carré

critiqué par Tistou, le 16 novembre 2004
( - 67 ans)


La note:  étoiles
Jeux de mains ...
Magnifique LE CARRE, qui, par le truchement d'un roman d'espionnage (LE CARRE oblige!), nous projette de plain-pied en Ingouchie, dans ces contrées de trou-du-cul-du-monde où l'avenir est un mot qui n'a pas encore été traduit.
Directement tiré de sa préface :
"Il me semble notamment incontestable que l'Occident, vainqueur de la guerre froide, ne peut pas se permettre d'éluder les conséquences de sa victoire, qu'il s'agisse de la Bosnie aujourd'hui, de l'Ingouchie demain ou de Cuba après-demain.
Il est déja évident, même pour un hérisson (comme disent les Russes, que les puissances occidentales n'ont jamais eu la moindre idée de ce qu'elles devaient faire de ce monde si elles le libèraient un jour du communisme."
Et encore, un peu plus loin, (faisant parler les dites puissances Occidentales) :
"Vous voulez dire qu'on doit vraiment faire quelque chose pour l'autre moitié du monde? Ca tombe vraiment mal, au moment même où on était en train de devenir si riches."
Eh oui, ça tombe vraiment mal! Et ceci date de 1995!
A côté de ces considérations géostratégiques, rassurrez-vous, l'histoire est traitée humainement. Une femme, 2 hommes, histoire classique et banale. De celles qui font avancer le monde depuis qu'il existe. Les 2 hommes sont amis, frères d'arme dans les Sevices Secrets britanniques, mais il y a Emma, la femme. Très belle études psychologiques aussi de ses personnages , pour une apothéose en Ingouchie, passage peut être le plus maîtrisé tant John LE CARRE parvient à nous faire toucher la précarité de la vie là bas, l'odeur de ses feux de bois comme le froid glacé de ses Kalachnikov.
Le genre de polar dont on sort plus intelligent.