L'autre ville
de Michal Ajvaz

critiqué par Koolasuchus, le 23 juillet 2023
(Laon - 35 ans)


La note:  étoiles
Tigres et poissons
Dans une librairie de Prague, un homme tombe sur un ouvrage rédigé dans un alphabet inconnu. Intrigué il l'achète et cherche alors à en savoir plus sur ce livre et celui qui l'a écrit. Cela va ainsi lui permettre de découvrir une autre ville, cachée dans les coins et recoins de Prague coexistant avec elle et suivant ses propres lois et ses propres rites. C'est ainsi le début pour le narrateur d'un voyage étrange et fantasmagorique dans ce nouvel univers recelant bien des mystères.

Malgré un début « normal » il faut cependant vite abandonner l'idée de suivre un récit logique et cohérent. Certes, techniquement, il y a bien une logique et une cohérence dans cette autre ville mais elles sont à des lieues de la nôtre et le narrateur comme le lecteur naviguent entre scènes totalement surréalistes et tirades qui le sont tout autant. Quand en effet les bibliothèques se muent en jungles, les écluses en immeuble et les statues en bars ou en élevage d'élan, vient un moment où il vaut mieux arrêter de chercher un quelconque bon sens et suivre le courant.

Difficile donc d'être dans la demi-mesure avec ce récit car c'est le genre d’œuvre auquel soit on adhère soit on n'accroche pas. Pour ma part, après une petite période d'adaptation durant laquelle je me suis vraiment demandé dans quoi j'étais tombé, je me suis finalement laissé prendre au jeu. Il faut dire que de nombreux passages sont d'un onirisme déroutant et merveilleux à la fois et qui m'ont souvent fait penser, pour ceux qui le connaissent, à Dixit, un jeu de société s'appuyant sur des cartes représentant des scènes surréalistes.

En contrepartie le personnage principal est assez fade, on ne connaît d'ailleurs même pas son nom, et les quelques personnages secondaires présents ont certes un peu plus de personnalité mais, dans l'ensemble, restent nimbés de mystères. Les dialogues sont également assez farfelus et il faut parfois s'accrocher car les phrases sont longues et partent très souvent dans une direction totalement inattendue. Je me suis d'ailleurs souvent demandé ce qu'en avait pensé le traducteur lorsqu’il a du faire son travail car s'occuper d'un livre pareil a dû être un sacré défi.

Un roman qui a donc été une expérience des plus originales mais pour l'apprécier il faut vraiment aimer l'absurde et la fantaisie car celui qui recherche une intrigue sensée perdra totalement son temps. Un voyage qui n'est donc peut-être pas à la portée de tous et qui, au final, n'a guère de but, mais à coup sûr unique en son genre.