Au bord
de Angelo Tijssens

critiqué par Pucksimberg, le 15 juillet 2023
(Toulon - 44 ans)


La note:  étoiles
Un retour au pays touchant
Un jeune homme revient dans sa ville natale sur la côte belge et retrouve son premier amour. Ce retour au pays fait ressurgir des souvenirs douloureux familiaux avec une mère peu aimante, alcoolique et violente. Ce sont aussi des épisodes difficiles à l’école que le narrateur convoque, lui qui était vu comme un cas social aux yeux de ses camarades. Ses rencontres homosexuelles amoureuses et sexuelles trouvent aussi une place dans ce passé retrouvé. Cette envie de renouer avec un ex ou tout simplement de revoir une personne aimée est une thématique universelle qui peut relever du fantasme. Ce personnage passe à l’action.

Ce récit est fait avec justesse. Il exploite un sujet intéressant auquel de nombreuses personnes ont déjà pensé. Revoir un être aimé qui a tant compté est-ce une bonne idée ? Cette personne pense-t-elle encore à nous ? Les sentiments peuvent-il renaître avec la même intensité ? Angelo Tijssens aborde ce sujet avec tact et réalisme. Toutes les scènes sonnent juste. Il y a une certaine mélancolie qui se dégage de ce roman court qui est accrue par l’enfance peu joyeuse du personnage principal. De plus, il ne semble jamais avoir réussi à construire une relation qui s’inscrit dans la durée. Le lecteur est donc très attentif à cette rencontre qui pourrait ou non réactiver le sentiment amoureux.

L’écriture est simple et va à l’essentiel, alors que la construction du roman est un peu plus complexe. En effet, elle mêle les moments présents à ceux du passé. De plus, parfois, le personnage principal et narrateur parle de lui à la première personne du singulier, parfois à la seconde personne du singulier comme s’il discutait avec lui-même, ce qui permettrait de mieux s’analyser.

Le roman est touchant par ses scènes intimes et par la transparence avec laquelle le narrateur s’exprime ne taisant pas ses rencontres sexuelles éphémères. Le roman fait réfléchir sur notre rapport avec le temps et avec notre passé, sur notre façon de construire notre ligne de vie. Il permet aussi de s’interroger sur les liens forts qu’il y a entre les êtres et sur la raison qui ne s’accorde pas toujours avec les sentiments. Les deux personnages masculins principaux incarnent des choix de vie différents.

Ce roman est rapide à lire et bien construit. Il touche par sa justesse et ne bascule pas dans les clichés. Angelo Tijssens est aussi scénariste, il a travaillé pour les films « Girl » et « Close » de Lukas Dhont. Ce roman a quelque chose de cinématographique. François Ozon aurait les qualités pour transposer ce roman sur grand écran.