Mélusine ou la robe de saphir
de Franz Hellens

critiqué par Pucksimberg, le 15 juillet 2023
(Toulon - 44 ans)


La note:  étoiles
Que c'est long !
Ce roman de Franz Hellens occupe apparemment une place particulière dans son œuvre et ne ressemblerait pas à ses autres textes. Ici, l’univers dépeint s’apparente à un univers onirique. En effet, l’auteur était dans une période fertile en rêves dont il s’est inspiré pour engendrer ce texte au début du XXème siècle. Il a commencé à l’écrire en 1917, dans le contexte que nous savons.

En plein Sahara, une cathédrale transparente surgit. Le narrateur est surpris par cette construction imaginaire et souhaite explorer ce lieu en compagnie de Mélusine, jeune femme légère vêtue dune robe de saphir. Cette créature héritée du Moyen Age a une grande capacité à plonger dans l’irrationnel alors que le narrateur reste parfois très attaché à des considérations matérielles ou logiques. Le lecteur suit donc ces deux personnages dans leurs déambulations. Ils traverseront des lieux étranges, éloignés de notre réalité, rencontreront divers personnages dont certains seront récurrents. On y croise aussi Charlot et Merlin.

Ce roman nécessite une capacité à abandonner notre réalité pour imaginer le monde dépeint par Franz Hellens. Et franchement, ce point n’est pas facile même si on est lecteurs de textes fantastiques. Le roman contient de nombreuses descriptions afin de visualiser ce monde. Cela prend même le pas sur le caractère narratif. Le lecteur qui aime se projeter dans un univers différent du nôtre peut trouver du plaisir, les autres risquent de ressentir de l’ennui. Je fais malheureusement partie de la seconde catégorie. J’ai dû lutter pour terminer ce roman. Je n’arrive pas à abandonner un texte, mais qu’est-ce qu’il a été compliqué de terminer celui-ci ! Lire dix pages m’a prix un temps fou car il m’a été très difficile de me projeter dans cet univers. Dans la préface, Frans Hellens précise qu’il a fait des coupes dans son roman initial pour arriver à ce format plus abouti pour la dernière édition. Cela n’a pas suffi pour me faire adhérer à l’histoire … Les scènes décrites demandent de s’abandonner et d’imaginer, mais cela ne me suffit pas pour me nourrir quand je lis.

L’écriture exerce un certain charme. Il y a un peu de poésie. Les chapitres sont courts sans forcément être extrêmement liés les uns aux autres. Il y a un effet décousu assumé. Sans doute, ce qui peut faire l’intérêt de ce texte est cette façon de narrer qui rappelle la logique des rêves. Henri Michaux et les surréalistes ont trouvé de grandes qualités dans ce texte. Le geste créatif est sans doute plus important ici que la trame. J’aurais aimé être emporté par ce texte mais ce n’est pas le cas.