Hier finira bientôt
de Liza Kerivel

critiqué par Débézed, le 14 juillet 2023
(Besançon - 77 ans)


La note:  étoiles
Aphorismes aigres doux
« La plupart des aphorismes écrits sur les femmes le sont par des hommes, ce qui n’est pas bon signe ». On ne peut donc que se réjouir que Cactus inébranlable ait donné l’occasion à une femme d’écrire des aphorismes sur les femmes et même sur les hommes. Ce que Liza a très bien su faire. Elle commence très fort ce recueil par un premier aphorisme qui pourrait concerné tout autant les hommes que les femmes : « Apprivoiser le bonheur ne consiste pas à le sortir deux fois par jour avec une laisse autour du cou ». C’est coquin mais c’est surtout un joli trait d’esprit qui m’a bien fait rire.

Dans ce recueil, j’ai noté certains aphorismes qui permettent de brosser un portrait, très subjectif probablement, de Liza :

A travers sa vision de la vie telle qu’elle la ressent :
« Être pauvre, c’est vivre exactement comme les autres en faisant tout différemment ».
« Poser des congés, Je ne suis pas contre, / mais c’est très sale par terre ».

A travers l’importance qu’elle semble vouloir donner à l’introspection pour donner du sens à sa vie :
« Il y aura toujours quelqu’un pour essayer de rêver à votre place ».
« Je préfère voyager en moi-même, cela me donne l’impression de ne jamais avoir besoin de rentrer ».

A travers sa vision du monde politique, de la société en général et des grandes questions sociétales à la mode :
« Les écologistes accepteraient-ils d’abattre l’arbre qui cache la forêt ? ».
« L’abus d’abus est dangereux pour la santé de la démocratie ».
« Les éléments de langage en politique relèvent du comique de répétition ».
« Il sera question de la condition des femmes aussi longtemps que l’on sera une femme sous condition ».

A travers quelques traits d’esprits, jeux de mots, formules absurdes, surréalistes, incongrues, … :
« Je n’ai pas peur du noir si la lumière reste allumée ».
« Les absents ont toujours tort mais cela ne veut pas dire que les autres ont toujours raisons ».
« Violences conjugales : sortir des sentiers battus ».

Je ne saurais oublier sa vision de l’amour :
« Il n’est pas raisonnable de vouloir mettre ses sentiments entre toutes les mains ».
Je partage le fond de nombre de ces formules même si je n’aurais pas su leur donner la forme littéraire que Liza a su leur choisir. Ce recueil m’a fait sourire et même rire, m’a ouvert des horizons nouveaux, même s’ils sont souvent absurdes ou fantaisistes. Et, comme elle, ce n’est pour autant que je ferai une overdose de rire, « Je constate ne pas avoir développé d’allergie au rire malgré une consommation excessive depuis de nombreuses années ». Je pense qu’elle parle de la consommation d’aphorismes.