La Vénus de la vallée mosane
de Olivier Papleux

critiqué par Débézed, le 7 juillet 2023
(Besançon - 77 ans)


La note:  étoiles
Héritage néandertalien
A Namur, Eve, 43 ans corrige les manuscrits écrits par son compagnon après ses heures de travail dans une entreprise de couverture. Ne pouvant concevoir, Ils ont adopté un petit Egyptiens qui a désormais une dizaine d’années. Cependant, un beau jour, Eve est convaincue, avant d’avoir fait le test de grossesse, qu’elle est enceinte, ce qui s’avère bien réel. Cette information pourrait réjouir toute la famille mais, en visitant son beau-père, le mari apprend que les trois générations de femmes précédant son épouse sont mortes toutes les trois, mère, grand-mère et arrière-grand-mère, en couches. Les analyses ne révèlent aucun risque particulier, le mari, avec leur fils adoptif, décide alors de conduire des investigations dans le domaine génétique qu’il découvre pour l’occasion. Le gamin s’intéresse très fort à la biologie génétique qu’il comprend presque que mieux que son père adoptif et à l’anthropologie.

L’auteur livre alors une véritable leçon de biologie génétique et de paléontologie en suivant le père et le fis dans leur tentative de compréhension de la cause de la mort suspecte des trois ancêtres de la mère. Pensant que leur épouse et mère est atteinte d’une anomalie héréditaire, ils exhument les corps de sa mère et de sa grand-mère pour effectuer des recherche génétiques. La mère a en effet une proportion trop forte de gènes néandertaliens dans son génome. Ils conduisent quelques investigations sur les sites paléolithiques de la région et font comparer l’ADN de la mère avec ceux des ossements récoltés sur ces sites.

Leurs recherches les conduisent au Mont Carmel où la rencontre Néandertal Sapiens a été la plus longue et la plus féconde, puis en Roumanie pour visiter un site où ont été découvert des ossements d’un ancêtre métis Néandertal Sapiens. Ces investigations étant peu concluantes mais tout de même très enrichissantes, ils poursuivent leur enquête avec les meilleurs spécialistes en paléontologie et en génique (Institut Pasteur, Institut Max Planck) passionnés par le génome de la mère qui serait un témoignage encore vivant de la présence de Néandertal dans notre patrimoine héréditaire. Ils pourraient tiré un réel prestige, une gloire certaine et quelques subsides d’une publication sur le cas de cette lignée de femmes au génome particulier.

Ce roman est à la fois un texte scientifique, l’auteur explique la construction du génome et le fonctionnement de l’ADN (des ADN en fait) et de l’ARN, un roman sur la filiation affective et biologique, une réflexion sur la relation dans un couple qui s’éloigne même pour la meilleure des raisons. Et aussi un beau combat pour éviter à la mère le funeste sort qu’a connu ses ancêtres.

Il nous restera aussi cette certitude que nous sommes, pour une part certes faible mais qualitativement importante, les héritiers de Néandertal. Ses gènes ont permis à Sapiens de s’adapter au climat plus froid de l’Europe au moment où il quittait l’Afrique devenue inhospitalière. Il est bon de se souvenir de ce métissage enrichissant au moment où le dérèglement climatique risque de provoquer de nouvelles mutations génétiques et de nouvelles migrations géographiques.