Un bâillement du diable
de Pierre Billon

critiqué par Libris québécis, le 11 novembre 2004
(Montréal - 82 ans)


La note:  étoiles
Secte, productrice de snuff movies
Pierre Billon est un Québécois d’origine suisse qu’il ne faut pas confondre avec le fils de Patachou. Depuis 40 ans, cet écrivain a exercé des tâches diverses, en particulier dans le monde de l’enseignement et du cinéma. D’ailleurs, il est l’un des scénaristes du film Nouvelle-France, mettant en vedette Gérard Depardieu, dont la sortie est prévue pour le 19 novembre à Montréal.

Dans son dernier roman, qui date de 1998, il pointe les activités répréhensibles de certaines sectes, en l’occurrence celles de l’Église fictive de l’Alliance universelle. El Guia, le gourou de ce regroupement, oriente ses membres vers la production infâme des snuff movies. La réalisation de ces films de mort en direct les conduit aux quatre coins du monde afin de s’assurer du meilleur casting possible. On procède en kidnappant les candidates les plus susceptibles de garantir des frissons aux spectateurs éventuels. On a donc trouvé au Canada une adolescente idéale pour assumer un rôle de victime, mais dont la mère est à l’emploi de la Gendarmerie royale.

À l’invitation de son supérieur, elle accepte avec empressement de se joindre à un groupe formé dans le but d’anéantir cette secte, qui a prévu d’ailleurs se servir prochainement de la télévision pour accomplir ses desseins diaboliques. Elle se retrouve donc à Paris, non seulement pour travailler avec des collègues européens, mais aussi pour retrouver sa fille, saine et sauve.

Ce polar, inspiré de la science-fiction touchant le monde des communications visuelles, est construit autour des activités déjà connues des sectes créées par des psychotiques. L’héroïne, Kiersten MacMillan de la Gendarmerie royale du Canada, apparaît comme un personnage fort, qui sait garder ses émotions. Mais derrière la façade, on sent la femme qui apparaîtra dans toute sa vérité au moment du dénouement.

L’auteur ne se montre pas complaisant à l’égard de la souffrance d’autrui. Il signale les maléfices contenus dans un bâillement du diable. Le propos incandescent est quelque peu tempéré à l’occasion par des passages humoristiques révélateurs de la personnalité bien typée des protagonistes. Pierre Billon offre un bon suspens, bien écrit et sans prétentions, qui plaira à un vaste public.