Nous naissons de partout
de Hannibal Volkoff

critiqué par JPGP, le 14 juin 2023
( - 78 ans)


La note:  étoiles
Hannibal Volkoff et la difficile fureur du vivre
Hannibal Volkoff propose une érotisation du corps adolescent ou plutôt adulescent plongé dans son jus culturel (le plus souvent border line). Tirés de ses reportages au sein de communautés libertaires l’auteur est au diapason de ses modèles. « Fruits » de la période de crise que nous vivons, ces personnages permettent la création des portrais intimes et sociaux. L’insouciance, la fête, le sexe ne sont que des paravents, des écrans d’une fureur de vivre forcément larvé.

L’optimisme n’est plus de mise. Ce qui n’empêche pas cette jeunesse désabusée de tenter de secouer sans tabous le cocotier de la société, ses valeurs morales et codes. A travers la provocation il s’agit de s’affirmer selon des rituels où plane une pan-sexualité diffuse quelles que soient les pratiques (homo ou hétéro) d’une jeunesse issue des sous-cultures underground.

Le trouble permet loin d’une simple visée « militante », une poésie active même si futur et utopie semblent des vues l’esprit. Et si les périmètres sont restreints, « Situationniste » à sa façon, l’artiste invente des spécificités plastiques qui suggèrent des ressources vitales que le vieux monde veut ignorer. Se tisse un réseau de formes multiples d’éveil face au diktat du productivisme écarté du sens même de la vie. L’art est là pour s’élever contres les courants où l’être est noyé là où paradoxalement il risque pourtant d’être privé d’eau « portable ».

Jean-Paul Gavard-Perret.