Un brin de verdure
de Barbara Pym

critiqué par Féline, le 11 novembre 2004
(Binche - 46 ans)


La note:  étoiles
Charmes de la campagne anglaise
Barbara Pym est une romancière anglaise qui pour beaucoup aujourd’hui semble surannée et démodée, à l’image de sa contemporaine Elizabeth Taylor. Toutes les deux sont à l’heure actuelle injustement oubliées ou ignorées. Les éditions 10/18 ont d’ailleurs purement et simplement supprimé Barbara Pym de leur catalogue cette année.

Barbara Pym écrit en véritable sociologue et son sujet d’étude de prédilection reste le petit village anglais, typique des années 60 – 70, période où l’on assiste au déclin des grandes familles aristocratiques, les châtelains n’ont plus de gouvernante et le faste de la vie au château est depuis longtemps révolu mais où certains vieux principes et certaines hiérarchies ont encore la vie dure. Ainsi le docteur ou l’instituteur demeurent des figures respectables pour lesquelles un grand respect reste de rigueur. Mais ce n’est rien à côté du pasteur, véritable pilier central du village. Autour de ces figures, gravitent divers personnages emblématiques : les vieilles jeunes filles et leurs ragots, les jeunes venus s’installer à la campagne et qui créent l’émoi au sein de la petite communauté,… Barbara Pym fait vivre tout ce petit monde au rythme des saisons et des diverses activités. Entre les ventes de charité et les concours de fleurs, il n’y a pas de répit pour les villageois.

Mais attention. A ceux qui croiraient que la romancière anglaise propose des romans gentillets et soporifiques, ils se trompent. Sous les fausses apparences de calme et de routine, Barbara Pym critique férocement les travers de l’Angleterre profonde. Personne n’est épargné. Elle porte un regard ironique et attaque sans pitié les valeurs d’une société conservatrice. Délicieux ! On se croirait dans le décor d’un roman d’Agatha Christie, le meurtre en moins.

Dans « Un brin de verdure », dernier manuscrit de l’anglaise, Emma Howick, jeune trentenaire moderne, ethnologue de formation, décide d’investir la demeure de sa mère, célèbre universitaire, afin de terminer un livre. A peine arrivée, elle décide de se mêler à la vie du village. Entre promenades dominicales et autres activités intellectuelles, elle se créera sa place au milieu des vieilles bigotes, du pasteur encombré d’une sœur ronchonne, des deux médecins, l’un jeune et l’autre âgé, qui se disputent leur clientèle et autres personnages hauts en couleurs, parfois proches de la caricature. Ce roman n’est certes pas le meilleur de la britannique qui a rencontré quelques déroutes à la fin de sa vie. Après une carrière florissante, les éditeurs anglais se sont mis à refuser tous les textes qu’elle leur proposait, croyant le style de l’écrivain démodé. Barbara Pym ne s’est pas démontée et a poursuivi son travail d’écriture. Mais ses manuscrits continuaient d’être refusés. Jusqu’à ce qu’un sondage publié dans un grand quotidien révèle que les britanniques étaient désireux de lire de nouveaux récits de la romancière. Tous ses romans refusés ont alors été publiés, avec succès.
Il est dommage de voir qu’il en va de même avec l’édition française et les romans de Barbara Pym ne se trouvent malheureusement plus qu’en bouquineries ou en bibliothèques.
Avis différent 5 étoiles

Il semblerait que je n’aie pas entamé mon aventure « pymiesque » avec le meilleur opus. Peut-être aurais-je été plus indulgente si mon intrusion dans ce monde s’était faite par un autre biais, plus convaincant… Mais, mais… Je ne retrouve pas les ingrédients mentionnés dans les critiques de Féline et de Saule.

Pour ma part, ce roman n’a rien de particulier. Il n’est certes pas mal écrit, mais pas particulièrement bien non plus. Je n’irais pas jusqu’à dire que le contenu est « fleur bleue », mais la narration a un petit côté doucereux qui s’en rapproche. La description « ethnologique » des mœurs de ce petit village n’a rien d’exceptionnel, et je m’y suis même ennuyée pendant un bon moment. Si on ajoute à cela que ce roman est inachevé, il y a de quoi rester sur sa faim…

Saint-Germain-des-Prés - Liernu - 56 ans - 27 septembre 2007


Barbary Pym, l'ethnologue des jeunes filles à marier et des écclésiastes 8 étoiles

Les éditeurs lisent CL et ils ont vu l'avis très autorisé de Féline sur la nécessité de republier d'urgence tout ce que Barbara Pym a écrit et qui était épuisé.

On est avec Barbara Pym dans ce qui se fait de mieux dans le genre très britannique de l'étude de moeurs sociale, avec l'humour, l'ironie et l'art de nous faire sentir notre propre humanité à travers ses personnages qui contiennent le mix de caractéristiques qui fait qu'on se sent proches d'eux : bonté, mesquinerie, solitude, sollicitude,... des petites vies tranquilles qui ressemblent en fait à la notre.

Pym était ethnologue de formation, c'est le regard qu'elle porte sur son petit monde. Ici un village anglais. Ses personnages récurrents sont les jeunes femmes célibataires, à la recherche de mari ou pas, les pasteurs, les femmes de pasteurs, les filles de pasteurs, les vieilles filles,. Dans chaque livre elle reconstruit son petit monde habituel et pour moi le plaisir reste entier à chaque fois. Difficile de parler de ses livres sans répéter chaque fois la même chose, mais vraiment ça vaut la peine d'essayer.

Comme Féline je dirais que celui-ci est un peu plus faible que "Une demoiselle comme il faut" ou que "Quatuor d'automne" mais ça reste très bon.

Saule - Bruxelles - 59 ans - 12 août 2007