Singer, paysages de la mémoire
de Agata Tuszyńska

critiqué par Sahkti, le 11 novembre 2004
(Genève - 50 ans)


La note:  étoiles
Portrait de Singer
Agata Tuszynska a mené une véritable enquête afin de nous restituer le portrait le plus fidèle possible de Isaac Bashevis Singer, un écrivain que j'aime beaucoup. Tâche difficile car la personnalité de l’homme est complexe, il peut tour à tour attendrir, étonner, décevoir ou agacer. Singer n’était pas aimé par tous, c’est vrai. Mordechaï Canin, ancien président des écrivains yiddish d'Israël, dira que "Singer, c'est de la pornographie de chiottes. En yiddish, c'est comme ça que j'appellerais ça. Une littérature dépravée mais joliment racontée".
Pas sympatique ce vilan Canin!

Pour mener à bien sa mission, Agata Tuszynska a sillonné une partie du monde sur les traces de Singer, s’intéressant à la Pologne juive, rencontrant les amis de Singer et les témoins de cette époque, n’hésitant pas à plonger dans des domaines obscurs, comme celui, par exemple, des relations entre Isaac Singer et son frère Joshua.
J’aime le découpage en chapitres décousus du livre de Tuszynska, on trouve de tout n’importe où, des anecdotes sans grand intérêt au milieu d’une analyse littéraire, des considérations philosophiques à côté de propos techniques. Le tout mis ensemble dresse un portrait haut en couleur de Singer, nous permet de découvrir l’écrivain (qu’on l’apprécie ou non) et de le resituer dans son contexte. A savoir le drame du judaïsme en Pologne, pays encore très imprégné par la culture juive et très meurtri de l’anéantissement de cette population. L’identité polonaise est indissociable de l’identité juive.