L’arrestation
de Jean Esponde

critiqué par JPGP, le 7 juin 2023
( - 77 ans)


La note:  étoiles
Jean Esponde : Tristes penseurs et grandeur de Kafka
Jean Esponde avec "L'arrestation" sous titré "Derrida-Kafka" s'engage dans une fiction ambitieuse où l'élément proprement romanesque passe au second plan.

Le récit se déroule selon deux axes : un voyage à Prague et sa description et une sorte de réflexion sur la littérature : Kafka bien sûr, Derrida son lecteur mais au delà toute une plongée chez les essayistes et philosophes (pas toujours reluisants de la French Theory). A côté de maître de la déconstruction apparaissent Foucault, Barthes et bien d'autres dont Benoît Peeters et Sollers (accessoirement).

Le choix narratif aussi est complexe. Un aspect purement narratif et descriptif de double d'un côté roman épistolier au sein d'un échange du personnage masculin (critique littéraire) avec une jeune doctorante.

Dans ce melting-pot surgissent bien des pépites. Entre autre une réflexion impertinente sur l'oeuvre de Kafka. L'auteur y souligne par exemple "l'écriture-herse" de "La Colonie Pénitentiaire" qui devient un machine à tuer, ou encore l'importance du "Journal" de l'auteur cité abondamment et avec raison par Esponde.

Ce puzzle reste parfois bancal dans son économie biscornue. A trop embrasser l'auteur étreint mal. Dès lors l'incident qui préside au livre (l'arrestation momentanée à Prague de Derrida) reste un épiphénomène même s'il a tout compte fait le dernier mot dans ce corpus. Il se cherche entre réflexions pertinentes à à charge envers des penseurs qui ne sont pas toujours - tant s'en faut - à la hauteur de leurs oeuvres et une déambulations dont - en dépit de ses précisions - le sens se perd. Mais il apparait aussi comme le possible prolégomène d'un autre livre à venir.

Jean-Paul Gavard-Perret