Les Contemplées
de Pauline Hillier

critiqué par Pascale Ew., le 6 juin 2023
( - 57 ans)


La note:  étoiles
Récit d'une détention
L’auteure, Française, s’est retrouvée emprisonnée dans une geôle tunisienne. Très vite, la peur s’installe face à cet univers inconnu, ces détenues menaçantes (même si elle est censée se retrouver dans un des pavillons les plus « commodes » de la prison). Ne connaissant pas l’arabe, Pauline, rapidement surnommée Bolona, apprend les codes bien spécifiques du lieu et s’adapte aux conditions particulièrement éprouvantes de la prison (hygiène et alimentation déplorables). Elle subit les humiliations à répétition, notamment de la part des gardiennes (ex. : fouilles à nu dégradantes). Faute d’occupation, les journées s’étirent sans fin.
C’est un événement anodin qui va changer sa captivité et lui permettre de tisser des liens avec ses codétenues : pour passer le temps, Pauline explique les lignes de la main. Ce déclencheur va permettre à ces femmes de se livrer à elle, de raconter leur histoire, toujours tragique. C’est ainsi qu’elle va entrer dans les bonnes grâces de la cabrane (chef de salle), et même de la tyrannique gardienne. Elle en perd même ses repères et les lignes de démarcation entre "gentilles" et "méchantes" deviennent très floues.
Féministe convaincue et engagée, Pauline ne peut qu’être touchée par l’histoire de ces femmes : celles qui sont enfermées par leur père, leur mari, leurs frères parce qu’elles ont refusé à un moment de se soumettre à leur tyrannie. Elle dénonce le machisme ambiant en racontant leur histoire.
L’auteure a mis plusieurs années avant de sortir cette histoire de son passé, là où elle l’avait profondément enterrée pour ne plus y penser. C’est en rencontrant une femme qui avait vécu le même genre d’emprisonnement qu’elle a décidé de rendre hommage à ses sœurs de galère.
Au travers des histoires des prisonnières, l’auteure nous rend celles-ci très attachantes et nous transmet sa révolte face à tant d’injustice. Leurs histoires sont toutes plus révoltantes les unes que les autres. Sans parler des conditions de leur détention.