Le cheval rouge
de Eugenio Corti

critiqué par Pacmann, le 30 décembre 2023
(Tamise - 59 ans)


La note:  étoiles
Formidable fresque de l'histoire de l'Italie durant la seconde moitié du 20ème siècle
Publié en 1983 par un auteur ayant vécu certains des épisodes décrits dans cet ouvrage, cette fresque immense de l’histoire de l’Italie est un livre incontournable, à l’instar de l’œuvre d’un autre Italien, Curzio Malaparte, qui a également décrit les horreurs qui se sont produites sur le front de l’Est.

Ce roman historique se découpe en trois parties, soit trois époques aux titres empruntés à l'Apocalypse ; le cheval rouge qui symbolise la guerre, le cheval livide qui symbolise plus les grands malheurs de la guerre et enfin l'Arbre de vie, qui se porte sur la reconstruction et sur le retour vers la vie quotidienne après le conflit. Cette dernière partie est plus romantique et fait oublier les affres de la guerre décrites dans les deux premières parties.

A côté des évocations historiques, des récits personnels se mêlent ou alternent avec la grande histoire avec un accent particulier à la participation des Italiens au front russe, et à ce propos, des descriptions des plus réalistes des abominations qui ont émaillé cette période.

Les personnages principaux sont Manno, qui fera plusieurs campagnes avant et après le retournement de l’Italie dans le conflit en 1943 et surtout Ambrogio, bourgeois à l’idéologie démocrate-chrétienne, qui reviendra particulièrement éprouvé de Russie après la débâcle des troupes italiennes qui y étaient affectées et enfin Michele, également rescapé de la campagne de Russie, écrivain et beau-frère d’Ambrogio, ce dernier étant surtout présent à la fin du récit.

La narration est opérée par différents personnage en fonction des lieux et épisodes qui sont décrits dans le roman, et le point de vue d'un personnage change successivement en fonction du narrateur.
Si plusieurs points de vue s’entremêlent, les critiques portent certes sur le nazisme, le fascisme mais surtout le communisme qui récolte le plus grand nombre de mauvaises notes.

Je remarque également qu’il distingue le fascisme du national-socialisme. Ce n’est a priori pas étonnant vu l’histoire personnelle de l’auteur qui semble ne pas trop s’étendre, sans les taire, sur les dérives et horreurs commises par les Allemands pendant la seconde guerre mondiale sans se pencher, du moins dans cet ouvrage, sur le fascisme italien. L’idée que l’Italie a été entraînée dans la guerre par l’Allemagne reste discutable et controversée.

Le lecteur dont l’intérêt se porte sur ces années sera plus que comblé, bien qu’il devra avoir l’abnégation nécessaire pour dévorer ces quelques 1400 pages d’un livre exceptionnel. L’auteur alterne entre des longues descriptions, des réflexions politiques et philosophiques et des anecdotes qui permettent de respirer tout au long de ce roman historique au style sobre.