Lovely Brunette, tout simplement
de Edmée de Xhavée

critiqué par Débézed, le 31 mai 2023
(Besançon - 77 ans)


La note:  étoiles
L'amour d'une mère
Edmée aime décortiquer les relations familiales, sentimentales, amicales, …, même quand elles ne sont pas très légitimes, elle a un véritable talent et une vraie sensibilité pour ce type d’exercice. Dans cet ouvrage mémoriel et peut-être un peu testamentaire (se souvenir de …, transmettre à …), bien qu’elle soit encore bien jeune pour envisager un tel exercice, elle explore son arbre généalogique maternel afin de faire revivre sa mère qu’elle a particulièrement affectionnée.

Elle resitue cette famille dans la société belge où un rameau, au moins, était déjà anobli au XV° siècle. Cette famille de marchands et d’industriels s’est enrichie jusqu’à mener un train de vie fort confortable, hélas mis à mal après le « krach » de 1929. Le prestige familial s’est rapidement édulcoré sans jamais que cette chère Lovely Brunette ne cède une moindre miette de sa dignité, de son élégance et de sa prestance. Elle était chez elle, sur son domaine, même si son train de vie avait fondu comme neige au soleil, elle était toujours une grande dame. Ce livre c’est le destin d’une famille de bourgeois enrichis prise dans les rets de l’histoire du XX° siècle.

A travers son arbre généalogique, bourré d’anecdotes croustillantes pour la plupart, de souvenirs plus ou moins heureux, parfois tristes et même dramatiques mais aussi très souvent drôles ou cocasses, elle reconstruit l’histoire de sa famille, l’histoire d’une classe sociale, l’histoire d’un coin de Belgique. Mais, surtout son enfance avec sa mère et son frère dans le cadre d’une éducation stricte qui laissait cependant suffisamment de place aux enfants pour commettre régulièrement des facéties parfois scabreuses. Chose assez rare à cette époque, surtout dans ce milieu social, son père a quitté sa mère pour une autre femme, Lovely Brunette en fut certainement fort affectée mais elle ne manquait de galants pour la consoler et elle se consola beaucoup aux dires de sa biographe.

Cette histoire pleine d’amour, d’ironie, d’autodérision, …, est donc aussi celle d’une famille atypique, un peu éparpillée, qui en perdant sa fortune n’a jamais perdu son standing, sa bonne humeur, son entrain, …, et voyageait souvent au travers de l’Europe et même en Amérique pour retrouver un soldat américain qui courtisait sa chère Lovely pendant la guerre.

Un livre intimiste aussi qui pourrait servir de ciment à une famille un peu décomposée dans un contexte financier peu propice à ses affaires. Dire les petites choses qui font le quotidien, les anecdotes qui fabriquent les souvenirs, c’est déjà mettre en commun ce que certains ont vécu pour reconstruire un tout familial. C’est une histoire que j’ai lue avec plaisir et intérêt car je suis les écrits d’Edmée depuis plus de dix ans maintenant et que je connais un peu ses tribulations dans le monde des lettres. Elle a certainement hérité de sa mère les gènes de l’humour, de la dérision, de la détermination, du besoin d’aller toujours de l’avant. Comme sa mère à qui elle rend ce bel hommage, elle aime la vie, l’amour, les amis et lire et écrire évidemment.