Ceux des quais
de Nathalie Bianco

critiqué par Monocle, le 31 mai 2023
(tournai - 64 ans)


La note:  étoiles
La vie près des quais est sans pitié
Mais quel joli texte pour un thème bouleversant. L'histoire de ceux qui traînent près des cours d'eau ou des endroits creux des cités et qui dorment sur des matelas de fortune, ceux qui mendient, qui dealent, qui sentent mauvais, qui boivent pour se tenir chaud l'hiver et se désaltérer l'été et se réunissent pour se réchauffer le cœur. Oui ils font peur aux passants et aux joggeurs, oui ils dénotent dans les plans d'urbanisme... et oui on préfère les éviter et ne pas les voir.
L'auteure nous raconte Nono, le clochard empereur et lettré, Rebecca, une jeune fille égarée, Malik le livreur à vélo, Six dix qui marche penché, le russe, les ragondins et Vava, celle qui aide tout le monde et ceux de passage.
C'est donc à Lyon, sur les quais du Rhône que le décor est planté.
Un très beau roman pour lequel j'ai encore plus de sympathie car je l'avais perdu !
Un livre qui a un peu coloré le côté cruel du monde des sans abris, car ce monde a ses codes et ceux qui ne s'y soumettent pas sont bannis après quelques tabassages, ou au prix de leur vie,
Mais ne boudons pas notre plaisir de ce régal de tendresse dans un monde cruel.
Oui tout est possible, même sous les ponts.
Bravo Nathalie Bianco, vous avez réussi un roman émouvant et de très bonne facture.

"La vie près des quais est sans pitié et tous ces gens qui y vivent sont plus ou moins condamnés à se noyer. Certains coulent à pic, d’autres surnagent un temps, avant d’être à nouveau pris par le courant."

"Je ne veux pas voir l’extérieur de ma fenêtre. Je veux sentir la morsure du froid sur ma peau, je veux sentir le vent, je veux frissonner, je veux voir le ciel s’assombrir, je veux voir la surface du Rhône se rider sous la houle de l’hiver, je veux deviner la lune derrière les nuages... Je veux retourner chez moi… là-bas. Sur les quais. Face au fleuve que j’aime tant. C’est là-bas que je veux partir."


A lire absolument.