Les toits du coeur
de Michel Dunand

critiqué par JPGP, le 25 mai 2023
( - 77 ans)


La note:  étoiles
Toi et toits : Michel Dunand
Méfions-nous des titres : les toits peuvent cacher un vide fût-il du cœur. Rassurons nous le moine voyageur du cœur en a. Mais avec le temps il avance la solitude (inhérente à l’être) en bandoulière tout en tentant de fuir l’indifférence, de réenchanter le monde au sein des limites temporelles qu’il est octroyé à tout homme comme au poète.
Celui-ci fait partager l’essentiel : quelques gouttes de rosées qu’il préfère aux rêves nocturnes. Plus il avance en âge et plus Dunand gagne en la sagesse qu’est l’ignorance. Il faut du temps pour le comprendre. Rien ne sert de savoir : « les questions / sont le sel / de la terre » rappelle celui qui les cultive « sans attendre / un semblant / de réponse / en échange »/. Belle leçon de conduite et d’existence. Car l’hiver ne rangera pour personne ses tréteaux. Les jachères refleuriront et les hirondelles les survoleront pour d’autres.
Mais ce n’est pas parce que le ciel se referme qu’il faut renoncer au peu que nous sommes et au chemin qui reste. « Mon sac est prêt » écrit énigmatiquement l’auteur. Est-ce pour un énième voyage ou pour le Grand saut ? Dunand nous donne la clé : il aimerait tout emporter pour rebâtir « Le Tibet d’Antan » mais en précisant : « C’est fait je crois ». Telle est la plus belle leçon de vie (et de poésie).

Jean-Paul Gavard-Perret