Revêtu de pierre
de Carino Bucciarelli

critiqué par Débézed, le 25 mai 2023
(Besançon - 76 ans)


La note:  étoiles
Fantastique et réaliste
D’après sa bibliographie Carino a commencé sa carrière littéraire par la poésie mais moi je ne le connaissais, avant cette lecture, que comme auteur de romans, j’en ai lu deux édités chez M.E.O. : « Mon hôte s’appelait Mal Waldron » et « Nous et les oiseaux ». Deux romans très différents l’un évoque un musicien de jazz et l’autre une étrange histoire fantastique. Dans ce recueil de poésie publié dans la revue Les chants de Jane éditée par le Grenier Jane Tony, Carino écrit des textes en vers très libres dans des poèmes de format tout aussi libre.

Personnellement, j’ai retenu de cette lecture le côté surréaliste, absurde, plutôt énigmatique de ces poèmes. Dans la première partie, j’ai noté tout de même une allusion récurrente au mutisme, au silence, à la privation de la parole :

« Le chef d’un geste imposa le silence / et après un bref moment / la voix / enrayée et moqueuse / s’est élevée une dernière fois / … »,
« Le souffle de la parole / balaie la parole / communiquant à ma langue / une extension nouvelle »,
« Personne ne prenait la parole / elle était devenue inutile / … »,
« On m’impose le silence / Et je me suis tu plusieurs milliers d’année // … ».

J’ai vu dans ses silences imposés comme une métaphore de la censure appliquée encore aujourd’hui dans de nombreux pays, dans de nombreux milieux et par de nombreux gouvernants et dirigeants.

« Quatre délires » concluent ce recueil, quatre vrais délires totalement surréalistes, plutôt drôles : un dialogue avec un poteau indicateur, l’incompréhension d’un résidant devant les carences philosophiques de ses voisins, La honte d’un client auteur d’un lapsus malvenu, comment passer sa vie en se posant des questions absconses ?

Un recueil de textes insolites, absurde, fantastiques, qui rappelle, sous cet angle, le roman de Carino, « Nous et les oiseaux » qu’il présente comme appartenant au genre « réalisme fantastique » sur la quatrième de couverture de ce roman.