Ismaïl Kadaré et l'Albanie
de Ismail Kadare, Gilles de Rapper

critiqué par Jules, le 9 novembre 2004
(Bruxelles - 79 ans)


La note:  étoiles
Intéressant et très actuel
Ce livre débute par une interview du grand écrivain albanais qu’est Ismaïl Kadaré. Il y parle de ses très nombreux livres et de leurs rapports avec des événements historiques ou avec les légendes et traditions de son pays.

Mais l’Albanie est aussi un pays balkanique et comme tel il partage un fond culturel qui est commun à plusieurs pays. Cela n’empêche pas qu’il ait sa véritable identité et que sa culture et certaines de ses traditions remontent bien loin dans l’histoire européenne.

Les religions sont nombreuses dans ce pays et coexistent sans trop de difficultés. Cela provient aussi du fait qu’au sein de la même famille des personnes peuvent avoir des religions différentes. Kadaré y voit une des bonnes raisons pour que la tolérance règne dans ce domaine.

La plus ancienne est la religion catholique, puis viennent l’orthodoxe et la musulmane. Celle-ci est la dernière à s’y être implantée, suite à l’invasion turque, et compte probablement le plus grand nombre d’adeptes. Il n’empêche, nous dit-il, qu’aucune ne saurait prendre le pas sur les deux autres tellement chacune est étroitement mêlée à l’histoire et aux coutumes de ce peuple.

Kadaré nous parle également de la condition de l’écrivain sous une dictature et nous dit pourquoi celle-ci n’empêche absolument pas l’écriture. Gao Xingjian nous explique la même chose dans son discours pour le Nobel intitulé « La raison d’être de la littérature »

Ismail Kadaré va même jusqu’à aborder le problème posé par la volonté de la Turquie d’adhérer à l’Union européenne. Il rappelle que l’annexion par elle des pays balkaniques a été un véritable drame pour ceux-ci puisqu’elle les a, brutalement, fait sortir de l’Europe. Il comprend d’autant moins ce désir que la Turquie avait toujours manifesté une volonté claire de rayer l’Europe de la carte…

Il voit peut-être une explication à cette demande dans le fait qu’en envahissant les pays balkaniques elle s’est ouverte à l’Europe et cela d’autant plus que de très nombreux dirigeants de son empire étaient originaires de ces pays. Les influences auraient alors été réciproques.

Cette interview nous apprend beaucoup de choses, sur l’Albanie et sur l’œuvre de l’auteur étroitement liée à son pays.

La seconde partie du livre nous apprend surtout des événements importants de l’histoire de ce pays.

Cet ouvrage me semble d’autant plus d’actualité que ces pays frappent à la porte de l’Europe. Il nous aide à mieux les connaître et donc les comprendre.

Vraiment à lire !