Pierre-papier-ciseaux
de Lorenzo Morello

critiqué par Débézed, le 15 mai 2023
(Besançon - 77 ans)


La note:  étoiles
La machine infernale
Un groupe de vieillards décatis décide de mener une étude pour constater l’évolution du comportement des humains devant des problèmes très complexes. A cette fin, ils décident d’embaucher les moins capables qu’ils trouveront et de les confronter au montage d’une machine qui ne sert à rien et qu’il est impossible de construire. Pour pimenter le situation, ils embauchent une fille fort sexy et bien peu farouche comme hôtesse d’accueil afin de stimuler leurs hormones et de provoquer jalousie et conflits.

Ainsi, ils emploient Wlodzimierz, un gros pervers violent et très antipathique comme manager, Pol un glandeur qui n’a jamais réussi à trouver ou conserver un emploi plus de quelques jours, Ulysse un informaticien débordé par son obésité, Marcel un cocu délaissé, Boris dont sait seulement qu’il râle tout le temps et enfin Albertine la peu vertueuse jeune fille qui exhibe sans vergogne ses charmes très appétissants. Cette fine équipe se met au travail à son rythme sous la férule vindicative de leur manager agoni. Comme prévu l’équipe ne comprend rien au problème qui lui est soumis et encore moins à quoi peut bien servir cette machine qui ne ressemble à rien de connu.

Les rouages de la machination des vieillards rencontre quelques grains de sable : Le Dragon à neuf queues conseille habilement Pol dans sa tête, Cupidon s’affaire pour réunir Pol et Albertine, Les Beatles chantent dans la tête d’Albertine, Ulysse récupère un rat agonisant à la suite de ce qui pourrait bien être une tumeur cancéreuse, … Un beau jour, l’animal s’évade et pénètre dans la machine que Marcel s’acharne à démonter et remonter, après son passage dans cet engin, le rat semble aller de mieux en mieux. Et, comme le manager débile et violent a fusillé tous les vieillards qui pilotaient le projet, les salariés restent les seuls propriétaires de cette machine qui semble guérir miraculeusement le cancer : de quoi faire une très jolie plus-value en se faisant passer pour les inventeurs de l’appareil.

Dans ce roman, Lorenzo Morello raconte, en utilisant moult images et métaphores, une histoire humoristique, drôle, légère, un peu fantastique qui, à mon avis, peut être lue comme une satire de notre société en fin de cycle qui génère bien des tracas aux citoyens qui la composent. Cette histoire dénonce la mécanisation à outrance du fonctionnement social et économique, le management totalement déshumanisé de toutes les structures employeuses, le penchant pour la perversion et la corruption, les magouilles en tout genre, …

Cette histoire comporte aussi une certaine morale, elle démontre comment la machination la plus perverse, la mieux huilée, la plus mal intentionnée peut déraper à cause de quelques détails qu’il était impossible de concevoir au préalable. Tout le monde se souvient de la fameuse image du battement d’ailes d’un papillon au-dessus de la Mer des Caraïbes qui déclenche un ouragan en Mer de Chine… mais personne ne sait, avant de lire ce livre, que Pol n’a jamais perdu à pierre papier ciseaux !