Il a neigé sur les baobabs
de Bernard Poullain

critiqué par JPGP, le 13 mai 2023
( - 77 ans)


La note:  étoiles
Le chant choral de Bernard Poullain
D'abord sous forme d'un récitatif qui donne son titre au livre puis sous forme de pièce de théâtre en des monologues du récitant et des victimes face au mal dans les geôles d’Iran, d’Irak, de Syrie, Sahara, Russie, partout où s’exerce la volonté de puissance envers le prisonnier, le plus souvent captif du hasard, cet ensemble devient un moyen de tirer le fil rouge de l'histoire pour, sinon essayer de essayer de comprendre, du moins de témoigner de l'inexplicable, de l'innommable dus à la folie des maîtres en tortures et du silence du monde face aux victimes.

L'auteur crée les chants des identités tronquées, des vies et des enfances volées. C'est un moyen d'écrire pour la vie, par laisses et par bribes de faire jaillir la douleur des prisonniers et des émigrés. Les textes sont aussi poignants que percutants et rappellent au devoir d’humanité. I

Le poète défait la nuit à l'ouvrage pour tenter de délivrer des ombres réduites à un sans futur là où le mal court. Il n'y a même pas d'asphodèles pour couvrir les corps des disparus. Ces fleurs blanches ne seront jamais pour eux des linceuls. Et les êtres humains déplacés - qui survivent aux coups des soldats en furie comme à ceux plus pernicieux des indifférents - savent que la concorde n'est pas pour eux car chacun de leur jour est témoin d'humiliations et d’actes de barbarie. Et c'est une fois de plus comme si l'histoire tragique des millénaires de domination se répétait là où le mépris et la force restent victorieux dans les tourments de la haine ordinaire comme de la folie guerrière.

Jean-Paul Gavard-Perret