Love Me Tender
de Constance Debré

critiqué par JPGP, le 8 mai 2023
( - 77 ans)


La note:  étoiles
Constance Debré et la liberté
Le livre de Constance Debré pose une nouvelle fois le problème de la grandeur et la limite de l'autofiction. Comme une Christine Angot mais avec plus d'originalité la créatrice, tranche dans le vif, fonce, brave son mari et la justice pusillanime, revendique son goût pour la littérature et les femmes.

Se joue ici la plus superbe revendication existentielle - et ce que cela coûte - face à une société qui "regarde" une telle femme comme un danger sournois. La révolte et d'un nihilisme aussi rageur que nécessaire. L'auteure y décrit comment elle change de vie et de corps dans une sorte d'ascèse qui n'exclut pas le désir.

Son livre est donc celui de la liberté, du dépouillement assumé contre la violence. Constance Debré s'y entraine à se forger ce qui est plus qu'un carapace indestructible. Et si le titre du texte pourrait faire penser à Presley sont contenu est plus proche d'une "punk attitude" sans la moindre complaisance ou dolorisme. Ce qui n'empêche pas la création d'une émotion chez le lecteur.

Néanmoins une question demeure ouverte : ce texte n'aurait-il pas été encore plus fort en passant du "témoignage" à la fiction ? Celle-ci transformerait le positionnement de l'écrivaine et donnerait encore plus de force à un tel engagement existentiel. Le "je" se veut sans fard mais la fiction permet parfois de plonger dans une opacité comme une clarté plus profonde que peut caviarder la stratégie autofictionnelle. Elle crispe ou enraye ce qui trouve toutefois déjà ici une puissance de feu.

Jean-Paul Gavard-Perret