Cavale
de Jean-Claude Pirotte

critiqué par Pucksimberg, le 6 mai 2023
(Toulon - 44 ans)


La note:  étoiles
Récit d'un écrivain en cavale
En 1975, l’écrivain et avocat, Jean-Claude Pirotte a été condamné à une peine d’emprisonnement de vingt mois sans sursis pour avoir favorisé l’évasion d’un détenu, fait qu’il a sans cesse nié. Il est parti en cavale pour ne pas purger sa peine. Ce roman est le récit de cette fuite.

Cette œuvre est fragmentaire. Elle se découpe en plusieurs chapitres eux-mêmes structurés en plusieurs parties. L’auteur, à l’écriture très poétique, décrit ses déambulations dans plusieurs villes, ses moments intimes auprès de prostituées, ses discussions avec des amis, les vins dégustés … Il nous parle de son escapade à Figueras, mais aussi de le quotidien quelque peu banal d’un homme qui vit presque normalement. L’on passe parfois d’une pensée sérieuse à une anecdote sans qu’il y ait un lien bien clair, comme si on lisait les pages d’un journal intime sur lequel seraient consignées diverses remarques.

L’écriture de Jean-Claude Pirotte est le point fort de ce roman. Il intègre des poèmes, donne vie à des dialogues savoureux et pleins de vie, formule ses réflexions avec justesse et profondeur parfois. Son roman emprunte à diverses formes et peut se révéler très léger comme plus grave à certains moments. Le vin et les femmes occupent une grande place dans ce texte. Sa cavale est plutôt joyeuse et offre la possibilité à l’écrivain de vivre pleinement. Elle a un côté libérateur et salvateur, comme si elle corrigeait une injustice.

Le fait que cette cavale ait réellement été vécue par l’auteur donne une saveur particulière à ce roman qui donnerait presque un côté mauvais garçon à cet écrivain. Le contexte d’écriture est original et renvoie à des récits d’aventures, sauf qu’ici c’est bien la réalité qui est dépeinte. Le roman ne repose pas sur de nombreux rebondissements, c’est plutôt une vie paisible et commune qui est dépeinte au lecteur. Ce caractère fragmentaire m’a parfois freiné dans ma lecture, mais l’écriture de Jean-Claude Pirotte est soignée et travaillée.