Avant la fin
de Ernesto Sábato

critiqué par Darius, le 16 mars 2001
(Bruxelles - - ans)


La note:  étoiles
Prix Cervantès 2000: les convictions d'un vieil homme au seuil de sa vie
Le dernier livre du plus grand écrivain sud-américain, consacré par le prix Cervantès, ne nous apporte rien de plus que ce que nous savions déjà.
Un homme engagé, président de la Commission chargée de l'enquête sur les personnes disparues pendant la dictature militaire argentine, homme de tous les combats, ayant côtoyé les personnalités les plus marquantes de ce siècle.
Physicien de renom, invité des Universités les plus prestigieuses
il " plaque " tout pour se dédier à l'écriture, au grand dam de ses amis scientifiques, préférant manger de la vache enragée que poursuivre une carrière fièrement entamée…
Cet ouvrage est la somme de ses confessions, sa nostalgie devant la perte de son fils, l'amour envers sa femme malgré ses infidélités, son combat quotidien contre les injustices…
Il nous livre en vrac tous ses engagements, ses croyances, ses luttes mais sans rien nous en dire de plus. Le testament d’un vieil homme de 90 ans dont la fin approche…
Comme il s'agit tout de même d'un maître de l’écriture, j’ai pris plaisir à le lire, ne serait-ce que pour la qualité de sa littérature, les expressions bien formulées et bien exprimées.
Il
évalue cependant notre siècle avec beaucoup de pessimisme : guerres mondiales, terribles dictatures de gauche et de droite, suicides en masse, néonazisme sans cesse renaissant, augmentation de la criminalité infantile, profonde dépression.
Il fustige nos temps modernes pourtant exaltés avec tant d’enthousiasme, mais qui ont donné naissance à ce monstre à trois têtes : nationalisme, matérialisme et individualisme. Le néolibéralisme est une idée de dupe, une affirmation criminelle car dans un monde où il n'y a que des loups et des agneaux, on peut proclamer " liberté pour tous, et que les loups mangent les agneaux ". le seul miracle de ce système est de concentrer chez 1/5 de la population mondiale, plus de 80 % de la richesse. Pour lui, le néolibéralisme n'a rien à voir avec la liberté, au contraire, grâce à leur immense pouvoir financier, par le moyen de la propagande et des contraintes économiques, les Etats puissants se disputent la domination de la planète.
Résultat : 25 millions d’enfants exploités dans le monde, dont 15 millions en Amérique Latine.
Dans toutes ces affirmations, son tiers-mondisme transparaît. Vu d’ici, on a bien du mal à voir les choses sous sa lorgnette, même si on perçoit le quotidien des " pauvres " dans les pays en voie de développement. Nos sociétés " évoluées " ont tout de même réussi à alléger, à atténuer la misère de " nos " pauvres, sinon à la supprimer…