Rouge karma
de Jean-Christophe Grangé

critiqué par Bookivore, le 9 mai 2023
(MENUCOURT - 42 ans)


La note:  étoiles
Noir Hindouisme
Le nouveau roman de Jean-Christophe Grangé, c'est toujours un événement. Deux ans après nous avoir offert son premier thriller historique ("Les Promises", un pavé passionnant se déroulant en Allemagne juste avant le début de la seconde guerre mondiale), l'auteur des mythiques "Rivières Pourpres" signe "Rouge Karma", autre pavé (presque 600 pages) qui, je dois le dire, quelques jours après sa fiévreuse lecture (impossible de le lâcher), entre dans mon Top 3 de l'auteur aux côtés du "Serment des Limbes" et des "Rivières...", et sans doute en premier, devant les deux précédemment cités, dans l'ordre. C'est vous dire si ce thriller est monumental.
L'action se passe en mai 68, à Paris (les deux premières parties), en Inde (les deux suivantes) et, pour sa finale anthologique, au Vatican. De même que pour le précédent opus, on a un trio de héros qui s'associent pour la même lutte : la traque d'un tueur mystérieux et sanguinaire. On a Jean-Louis Mersch, flic gauchiste infiltré dans les barricades ; son demi-frère (utérin) Hervé Jouhandeau, étudiant gauchiste aimant manifester ; et Nicole Bernard, une étudiante issue d'un milieu aisé, mais proche des milieux hippie et gauchistes.
Une étudiante, Suzanne, amie des deux derniers, est retrouvée morte chez elle, atrocement assassinée, une vraie boucherie. Son corps nu est suspendu au plafond dans une position de yoga ressemblant aussi à celle de la carte "Le Pendu" du Tarot divinatoire. Mersch, mis au courant par son frère qui a découvert le corps, enquête, alors que Paris et la France sont en bordel généralisé. Après un second meurtre (une autre étudiante amie de Nicole et Hervé, une autre position du yoga), le trio se réunit et dirige ses recherches vers l’hindouisme, le tantrisme. Hervé, soudain, disparaît, embarqué vers Calcutta. JL et Nicole partent à sa recherche, et continuent l'enquête...

Un roman qui nous plonge d'abord dans une France en plein bordel de mai 68 et qui nous fait découvrir les milieux gauchisants (maoïstes, notamment) avant de nous faire plonger à fond dans la partie sombre de l'Inde et de ses religions. Je m'attendais plus ou moins (mais au final, non) à ce que le nom de Savitri Devi surgisse à un moment où à un autre, ne serait-ce qu'en citation au passage ; mais le personnage de la Mère m'y a un petit peu fait penser, surtout que les deux personnages, le vrai et le faux, partagent leur nationalité et un côté terriblement douteux et malsain.
Comme toujours, des personnages passionnants et avec des failles, des zones d'ombre (c'est quasiment toujours le cas avec les flics imaginés par Grangé, d'ailleurs), un sens du suspense redoutable (surtout qu'avec 156 chapitres, c'est un sacré page-turner !), et cette propension, typiquement grangéienne, à nous envoyer dans un autre monde, une autre dimension, via le sujet du roman. Que ce soit l'université eugéniste des "Rivières...", la secte de "Miserere", le peuple de la "Forêt des Mânes", les Loups Gris dans "L'Empire des Loups", le monde des NDE dans "Le Serment des Limbes" ou, ici, la face sombre de l’hindouisme avec la Ronde, secte au centre de l'intrigue, Grangé parvient toujours à nous passionner avec ce qu'il y à de plus sombre et secret, fictif ou imaginaire.
Immense roman, peut-être son meilleur ; un de ses meilleurs en tout cas, ça c'est clair.
On notera une petite erreur dans la biographie de l'auteur sur la couverture amovible : il est indiqué "plus de 20 romans", or Grangé n'en a écrit, à ce jour, que 17, il me semble !