Ecrits pour voir
de Maryline Desbiolles, Bernard Pagès (Dessin)

critiqué par JPGP, le 24 avril 2023
( - 77 ans)


La note:  étoiles
Maryline Desbiolles et le recours aux arts plastiques
« Le tableau a une et même plusieurs longueurs d’avance » sur l’écriture car « il demande rien à personne et crève les yeux » écrit Maryline Desbiolles. Ce qui n’empêche pas au discours sur la peinture de se poursuivre. L’auteure le prouve à travers une suite de textes hétéroclites réunies sous le titre « Ecrits pour voir ».

L’artiste revient sur ses fondamentaux picturaux : la Renaissance Italienne et les peintres de la Toscane, Valloton pour ce qui s’agit de l’histoire, Malaval, Chaissac et bien sûr Bernard Pagès pour le temps présent. Mais la performance n’est pas oubliée même si chez l’artiste elle prend un nouveau sens ( avec au passage un salut aux Pussy Riots). L’auteure propose une synthèse de ce que ramasse Rober Fillou dans une de ses formules « l’art est ce qui rend la vie plus intéressante que l’art ».

Le livre devient pour Maryline Desbiolles l’opportunité de creuser un sillon dans l’art sans jamais perdre l’opportunité de développer son écriture. L’art comme la littérature est une bataille. Une fois terminée, vient le temps des constats afin de voir non seulement si le combat a été difficile mais s’il ouvre à des victoires.

L’auteure pour réussir utilise le fluidité et évite les pensums théoriques. Ses textes sont à la fois spontanés mais aussi retenus : d’un côté l’instantané de l’autre l’éternité. A l’ombre de Bernard Pagès la lumière des mots jettent un amoncellement de pensées et d’émotions en diverses couches. Dans ce processus l’une amène à la suivante et ainsi de suite.

Au besoin Maryline Desbiolles sait donner des détails précis de l’existence afin de traduire sa propre réalité afin de mieux pénétrer à l’intérieur des œuvres en un jeu des multiples combinaisons possibles. La créatrice sait appuyer sur les contrastes lorsqu’il le faut. Quoique hybrides les textes permettent de pénétrer dans univers à la fois intime et général. Si bien que chaque texte devient la chrysalide pour le papillon qu’on appelle peinture jaillisse au sein de propositions littéraires précieuses et lumineuses. Elles restent une forme ouverte aux interprétations.

Jean-Paul Gavard-Perret