Berlin sera notre tombeau - intégrale
de Vincenzo Giordano (Dessin), Michel Koeniguer (Scénario et dessin)

critiqué par Vince92, le 22 novembre 2023
(Zürich - 47 ans)


La note:  étoiles
Dernier carré
Le sujet de cette bande dessinée en trois tomes paraissait bancal: retracer les combats dans Berlin des derniers membres de la tristement Division Charlemagne levée par l'Etat français pour combattre le bolchévisme aux côtés des nazis allemands.
Et effectivement, la lecture de l'intégrale parue chez Paquet est un peu étonnante: on a l'impression d'une hagiographie de ces combattants jusqu'au-boutistes engagés dans l'armée allemande sans espoir de retour. Je suis loin d'être versé dans le manichéisme et suis bien conscient qu'il y a des bons et des mauvais dans chacun des deux camps lors d'un conflit, la nature humaine est ainsi faite que les pulsions portent les hommes à commettre des crimes quelle que soit l'idéologie qu'ils servent.
Ici, les personnages principalement donc des combattants français ont tous le profil de chevaliers sans peur et sans reproches engagés pour la survie d'un royaume à aucun présenté sous la lumière de ce qu'il fut réellement. Les SS français combattent au nom de l'intérêt supérieur de l'Europe, la preuve, les Frontoviki se livrent à des exactions sur les femmes allemandes dans les caves d'un Berlin dévasté par la bataille.
Le mérite de Koeniguer est d'avoir mis le projecteur sur ce fait historique aux yeux du grand public (les amateurs historiens sont eux bien au courant de cet épisode de la collaboration franco-allemande), de souligner les horizons différents des protagonistes et de livrer une forme assez réaliste aux événements (certains personnages sont réels, les combats sont bien dessinés, les couleurs des cases retranscrivent une ambiance de Götterdamerung assez pressante).
Michel Koeniguer est mort avant la fin de la série et il a été repris de façon remarquable (on ne voit pas le raccord du tout) par Vicenzo Giordano. J'ai aimé ce livre pour le sujet et l'exactitude formelle, un peu moins par l'absence totale de contrepoids à la vision des SS français. J'aurais par exemple aimé suivre des Soviétiques dans les combats ou bien encore des civils allemands piégés dans l'enfer berlinois de 1945.