Les oiseaux favorables
de Stéphane Bouquet, Amaury Da Cunha (Photographies)

critiqué par JPGP, le 22 avril 2023
( - 77 ans)


La note:  étoiles
Instants et suspens de Stéphane Bouquet
Danseur, traducteur, scénariste, critique littéraire (Libération) et cinématographique, Stéphane Bouquet est aussi poète. Avec « Les Oiseaux favorables » il propose en poème en prose des instantanées d’une énigmatique « Elle » moins Eve qu’existentielle dont la solution littéraire est la dissolution dans l’absence, la perte, le passage et la fuite. Amaury da Cunha ponctue le texte de superbes photographies dont la figuration énigmatique flotte dans l’espace ; comme le texte elles risquent de s’y dissoudre.

Fragments par fragments, un étrange corpus ou voyage avance toujours un peu plus vers ce que Blanchot nomma paradoxalement « l’inachèvement ». Le personnage anonyme crée l’hésitation nécessaire à un éloignement de tout espace de vérité. C’est là une manière judicieuse de contredire la vocation qu’on accorde généralement au poète. Stéphane Bouquet la refuse car rien n’en décide pas même l’écriture. Certes, elle vient de l’intérieur la question demeure "de l’intérieur de quoi ?".

Reste donc le corpus où la loi de l’inachèvement dont le texte demeure la preuve provisoirement accomplie. Elle est la preuve que la fiction modèle ne peut pas exister même si des oiseaux de bon augure semblent l’emporter. Mais s’en remettre à eux reste une hypothèse vague.

Narratrice en second "Elle" joue le rôle d’un auteur qui permet de faire déraper le texte : "Elle" ne cherche à ne pas être, mais sans vouloir pour autant s’afficher, devient la quadrature d’un cercle qui demeure vicieux dans la mesure où il ne résout rien. Toutefois il fait mieux : il posse la question de la réalité, de la présence, de l’existence et le prétexte énigmatique à la quête de l’identité.

Jean-Paul Gavard-Perret