Le Chant des déesses, T1 : Pénélope, Reine d'Ithaque
de Claire North

critiqué par Missef, le 22 avril 2023
( - 59 ans)


La note:  étoiles
Le regard ironique d'une déesse pour rafraîchir la mythologie
Présentation de l'éditeur :
Au-delà des rivages d'Ithaque, les caprices des dieux dictent les guerres des hommes. Mais sur l'île, ce sont les choix des femmes abandonnées - et de leurs déesses - qui changeront le cours du monde.
Le roi Ulysse est parti depuis de nombreuses années en guerre contre Troie, emmenant tous les hommes en âge de combattre de l'île d'Ithaque. Pénélope, sa femme, l'attend avec patience et dirige le royaume. Mais lorsque des rumeurs circulent sur la mort de son mari, les prétendants commencent à frapper à sa porte. Or, aucun homme n'est assez puissant pour revendiquer le trône vide d'Ulysse. Si Pénélope choisit l'un d'entre eux, Ithaque plongera dans une guerre civile sanglante. Seule la ruse et son réseau d'espionnes lui permettront de maintenir l'équilibre délicat du pouvoir nécessaire à la survie du royaume. À Ithaque, tout le monde surveille tout le monde et il n'y a pas un coin du palais où l'intrigue ne règne pas en maître.
Le plus grand pouvoir des femmes est celui dont elles s'emparent en secret.


Mon avis:
Qui ne connaît pas l'histoire de Pénélope qui, attendant Ulysse, tisse le jour et détisse la nuit pour s'éviter d'avoir à choisir un successeur à son mari parti depuis trop d'années pour qu'on puisse s'imaginer qu'il va revenir.
La mythologie revisitée par Claire North, cependant, a ceci d'intéressant qu'elle est racontée pour une fois du point de vue des femmes, et pas de n'importe quelle femme: la déesse Héra. Ce parti-pris présente le double avantage d'offrir une vision féministe - ou du moins qui réhabilite le rôle des femmes dans l'histoire, depuis la plus haut placé (c'est-à-dire Pénélope) jusqu'à la plus humble servante - et sur un ton ironique, voire sarcastique qui ajoute un plaisir supplémentaire à la lecture. En effet, vu que tout le monde connaît déjà l'histoire, ce n'est pas par le suspense que l'autrice nous tient, mais bien par la singularité du point de vue et du ton.
On annonce un tome deux, j'ai déjà hâte!
Une relecture originale d’un épisode mythologique 8 étoiles

Sur la toile de fond des resucées des histoires de la mythologie gréco-romaine qui pullulent à l’heure actuelle, « Pénélope reine d’Ithaque » se démarque : point de romance cucul mâtinée de pouvoirs surnaturels ou de combats homériques. Ce sont les femmes qui sont mises en valeur et ça aussi, c’est une bouffée d’oxygène. D’autant que le récit de la ruse de Pénélope, fait par la déesse Héra – rien que ça ! –, ne manque pas d’humour.
La narratrice ne perd pas une occasion de pointer les divergences entre la réalité triviale, où les femmes savent se montrer héroïques et discrètes dans leur héroïsme, et le récit officiel, y compris celui des poètes dont Homère, qui exalte avant tout le courage viril.
Très original aussi, la façon de faire interagir les humains et les dieux dans le roman. Les premiers ne voient jamais les seconds qui n’ont qu’un pouvoir et des interventions subreptices sur la réalité, plus souvent liés à leurs mesquineries ou à leurs querelles internes qu’à la hauteur de vue qu’on pourrait être tentés leur prêter.

Reginalda - lyon - 57 ans - 12 mai 2024