Le ministre et la Joconde
de Franck Bourgeron (Scénario), Hervé Bourhis (Scénario), Hervé Tanquerelle (Dessin)

critiqué par Mimi62, le 20 avril 2023
(Plaisance-du-Touch (31) - 71 ans)


La note:  étoiles
Une BD aussi plaisante que le personnage est détestable
Si la Joconde figure bien dans le titre ce n'est pas elle la réelle héroïne du récit.
Son rôle est celui d'appât dans le titre ainsi que de prétexte à la description de la personnalité de ce ministre.

Bien que son nom n'est jamais cité, il est évident qu'il s'agit d'André Malraux.
Tous les travers du personnage sont évoqués : son alcoolisme, sa dépendance à certaines drogues, sa morgue, son arrogance, son travestissement des réalités le concernant (son entrée en résistance alors qu'il fut un résistant de la dernière heure) et j'en passe.
Le personnage est certes présenté de façon plutôt amusante car l'on sait que l'on n'est pas dans la réalité et c'est bien là ce qui fait la réussite de cet album.
Le personnage transparaît détestable au possible dans son opportunisme, son manque d'honnêteté intellectuelle, son irrespect des personnes etc... mais si le descriptif est un poil exagéré, il plonge bien dans la réalité.
On ne peut négliger ce qu'il a fait pour la culture mais cela n'est pas traité dans cet album. L'antipathie qu'il suscite laisse heureusement de côté le rejet qu'il provoque lorsqu'il discourt.

Se pose aussi la question de la moralité, de la sociabilité, de l'humanisme des personnes chargées des plus hautes fonctions dans l'état... et des motivations de transfert de cendres au Panthéon.

Le traitement, par contre, est lui très agréable. Un graphisme nettement inspiré de la ligne claire, offrant une lecture aisée, sans surcharge, un scénario évoquant ceux de Tintin, atténuant l'aspect désagréable du personnage tout en caricaturant parfaitement ses comportements.

Un subtil mélange.
Un vrai plaisir.