La vie devant ses yeux
de Laura Kasischke

critiqué par Clarabel, le 6 novembre 2004
( - 48 ans)


La note:  étoiles
Complexe
Une fois fini ce roman, je reste encore perplexe. Je me demande si j'ai bien tout compris, si les nuances distillées par l'auteur n'ont pas finalement alourdi le récit et, en conséquence, brouillé les pistes de la compréhension. "La vie devant ses yeux" s'ouvre sur une scène de violence gratuite, banale dans un lycée américain, où un jeune de dix-sept ans décide de trucider tout le monde avec son arme. Dans les toilettes, deux amies sont face à ce tortionnaire, l'une va mourir. Laquelle ? Et l'une d'elle va survivre, on s'en doute car on poursuit la lecture en suivant le quotidien de Diana McFee, la quarantaine, blonde, bonne cuisinière, mère et épouse dévouée, qui habite une belle maison dans un quartier résidentiel de Briar Hill. Une femme parfaite dans un univers parfait. On avale les longues descriptions de cette vie lisse, au point de bailler presque d'ennui. Et puis, en intervalles, il y a ces deux adolescentes, des meilleures amies, qui vont au-devant d'une mort annoncée. Et l'auteur semble prendre un malin plaisir à brouiller les pistes : car finalement ces jeunes filles sont-elles ce qu'a été Diana, ou ce qui les attend, ou sont-elles en parallèle de cette femme blonde à qui il commence à survenir des événements étranges ..? Il faut admettre que les convictions vacillent aisément. Et puis on presse l'auteur de nous en dire plus : qu'arrive-t-il à cette femme parfaite, Diana? Est-elle réellement menacée, est-elle dérangée, a-t-elle des visions, des pressentiments ? Ces multiples voyages dans le passé, présent - futur ? - embrouillent vite la logique du roman. Et d'ailleurs je l'ai fini, après avoir peiné avec quelques longueurs, et j'ai toujours le sentiment d'avoir loupé quelque chose. Perplexe, décontenancée, j'accorde au roman de Laura Kasischke beaucoup de "flou artistique".
Exercice de style? 5 étoiles

L'entrée en scène est prometteuse; une fusillade éclate dans une école et un tueur fait irruption dans les toilettes, où deux amies se trouvent. Puis, on est transporté dans ce que l'on croit être plusieurs années plus tard, dans la vie de l'une de ces filles devenue quarantenaire, menant aujourd'hui la vie de banlieue parfaite qu'elle avait toujours imaginée. L'écriture est précise, imagée, toute en douceur. Les descriptions banlieusardes captivent. On s'y croirait presque! L'auteure alterne avec le récit qu'on croit être celui des deux jeunes filles, avant l'épisode du début. On se régale des descriptions tangibles de la vie d'adolescente, de l'insouciance, du temps qui passe.

Puis, on commence à se demander où tout ça nous mène. On veut que l'histoire commence! On tourne les pages. Encore des pages. Puis on s'arrête, d'ennui. On reprend, en diagonale, plus vite. Puis on arrive à la fin, sans n'y rien comprendre. Je rejoins le club des perplexes!

Gabri - - 38 ans - 20 février 2015


Reine de mai ! 8 étoiles

Poétesse et écrivaine américaine née en 1961 à Lake Charles (Louisiane - Etats-Unis d'Amérique), Laura Kasischke conquiert le Grand Public en 1996 avec son roman " A suspicious River ", rapidement adapté au cinéma .

Avec " La vie devant ses yeux ", l'auteure nous bouscule entre présent, passé, réalité et fiction. Des glissements contrôlés qui nous font perdre le fil.
Le roman s'ouvre sur une citation d'Apollinaire :
" Voici que vient l'été, la saison violente
Et ma jeunesse est morte ainsi que le printemps."

Les premières et dernières scènes sont identiques; un étudiant tient en joue -avec un fusil- 2 étudiantes et leur demande :
" Laquelle de vous deux je dois tuer; les filles ? "
Puis , nous entrons dans le coeur du roman.
Diana McFee -la quarantaine- mène une vie parfaite. Entourée d'une fille exquise et d'un mari aimant, elle consacre partie de son temps à sa passion; l'enseignement de la peinture.
Elle habite une pimpante maison recouverte de bois, dans Maiden Lane (Middle West).
Elle est devenue la femme qu'elle avait rêvé devenir.
Des chapitres dédoublés alternant la vie de Diana et celle de 2 jeunes adolescentes qu'on devine être " Diana jeune " et Maureen, sa meilleure amie.

Impossible de dévoiler la chute, inattendue et déstabilisante (mais qui permet à chaque lecteur d'apporter son interprétation).
Un roman autour de la monotonie de la vie, la nostalgie de l'adolescence, la violence de la société américaine, la culpabilité.
Très difficile d'en ressortir avec des certitudes tant l'auteure maintient le flou et les interprétations possibles.
Un style efficace, tel un scénario de film. Impossible de ne pas faire le rapprochement avec " Elephant ", magnifique film de Gus Van Sant.

Je ne peux que vous encourager à découvrir ce roman qui ne laisse pas indifférent.
Laura Kasischke est une écrivain majeure; aucun doute là-dessus.

Frunny - PARIS - 59 ans - 26 juin 2012


Perplexe 7 étoiles

Je rejoins aussi les critiques de Clarabel et Queenie, je me demande si j'ai bien tout compris. La fin me laisse perplexe.
Toutefois, le roman est bien écrit, l'intrigue bien menée, j'aprécie le style de l'auteur, et la façon qu'elle a dans ce roman de mettre la vie de Diana en parallèle (son adolescence et sa vie de femme actuelle).
Il faut découvrir Laura Kasischke.

Dudule - Orléans - - ans - 30 août 2009


dans le brouillard 6 étoiles

Je rejoins la critique de clarabel.
Difficile de comprendre vraiment qui est qui, et ce qu'il s'est réellement passé dans cette histoire.

J'ai trouvé globalement que le roman était très bien écrit, des styles bien distingués entre ceux sur la gentille femme au foyer parfaite et ceux sur les deux adolescentes un peu sainte nitouche.

Un livre agréable à lire, une sorte de mille feuilles littéraire où chaque couche a son lot de mystère et de révélations.
Malheureusement, Laura Kasischke m'a quelquefois un peu perdue dans ses péripéties...

Queenie - - 45 ans - 18 mai 2006