Femme de coquilles
de Évelyne Néron Morgat

critiqué par Jfp, le 16 avril 2023
(La Selle en Hermoy (Loiret) - 76 ans)


La note:  étoiles
oléron-sur-bourriche
L’île d’Oléron, vous connaissez ? Des vacances familiales sans surprises, entre plage et forêt, avec des ventrées de fruits de mer en perspective. Mais Oléron c’est aussi un lieu de vie pour des métiers de la mer, soumis aux aléas climatiques et sanitaires, sans compter les lois du marché et les multiples contraintes administratives. C’est le métier d’ostréiculteur qu’Évelyne Néron Morgat, elle-même petite-fille d'ostréiculteur et femme de marin-pêcheur, nous fait découvrir dans son premier roman. Roman d’amour, d’amour tout court mais aussi d’amour pour ce métier rude que Mélina a choisi, arrivée à la trentaine, de retour dans son île natale au sortir d’années passées à travailler dans l’entreprise familiale. Elle a décidé de revenir à une pratique traditionnelle, artisanale, respectueuse de l’équilibre entre l’homme et la nature mais très dure physiquement, dans un milieu essentiellement masculin où on ne lui fera pas de cadeaux. Heureusement, une fois passé le temps de la surprise, voyant cette belle plante relever ses manches et accomplir le travail que bien des îliens ont abandonné tant il était rude et mal rétribué, elle va se faire des amis, et bien plus encore. La passion est au rendez-vous, la folie et la mort aussi, dans ce roman qui va bien au-delà de ses apparences de roman "qui fait du bien". Un beau portrait de femme, mais aussi une analyse sociale sans concession, loin, très loin des clichés sur Oléron la lumineuse, célébrée par Pierre Loti. Avec de savoureuses incursions dans le patois local, très imagé…