Absolution par le meurtre
de Peter Tremayne

critiqué par Nélimuse, le 6 novembre 2004
( - 51 ans)


La note:  étoiles
Enquête policière au Moyen-Âge
Au VIIe siècle, l'Église (d'Europe) n'était pas encore telle qu'on la connaissait aujourd'hui. Par exemple, le célibat des religieux n'était pas encore chose strictement imposée et répandue. Aussi, l'Église de divisait en deux : l'Église romaine et l'Église celtique. Et ce sont les tenants des deux Églises qui vont s'affronter durant un synode, qui a lieu dans une abbaye en Northumbrie (un des royaumes saxons de "l'avant-Grande-Bretagne). Les passions se déchaînent et un premier meurtre est commis. Le roi de Northumbrie, Oswy, somme Soeur Fidelma, une jeune nonne irlandaise de mener enquête. Celle-ci n'est pas n'importe qui : en plus d'être religieuse, elle est aussi avocate, d'après le système de droit (brehon) de son pays. Pour ne pas froisser les sensibilités du clergé romain, on lui adjoint un jeune moine saxon, Eadulf. Leur enquête se compliquera quand d'autres meurtres seront commis. Sont-ils dus à la politique ou à la religion?

J'aime beaucoup quand polar et histoire se conjuguent! C'est un petit roman qui se lit très bien. Une fois dépassé un léger agacement dû à tous ces noms saxons et à tous ces royaumes, saxons, aussi que je connaissais pas, je me suis complètement immergée dans l'histoire. L'intrigue policière est des plus classiques, mais efficace quand même. Les points forts : le personnage de Soeur Fidelma, incorruptible avant l'heure et déterminée à ne s'en laisser imposer par personne, même pas par un roi, quand il s'agit de faire triompher la vérité! Elle est très sympathique et j'ai bien aimé la complicité qui se tissait avec son comparse, le moine Eadulf. J'ai surtout beaucoup aimé le fait que l'atmosphère de cette époque soit si bien rendue, avec ses tensions politiques et religieuses, ainsi que ses superstitions. On en apprend aussi beaucoup sur l'Église de ce temps, qui n'était pas omniprésente et surpuissante comme elle le devint plus tard, ainsi que sur une Irlande, qui nous apparaît étrangement moderne, avec ses femmes avocates en autres, considérées comme les égales des hommes! À lire donc!
Un bon début de série... 8 étoiles

Lorsque l’on prend la décision de lire un roman policier historique, on accepte de se plonger dans une période au risque de ne rien comprendre du tout. Ici, il faut donc faire ses bagages pour l’Irlande du septième siècle, pour la Chrétienté d’une époque lointaine qui va nécessiter une application et une attention au départ, c’est indiscutable.

Il y aura, tout d’abord la géographie car ce premier volume de la série des enquêtes de sœur Fidelma de Kildare se déroule dans l’abbaye de Streoneshalh… Il s’agit de l’abbaye connue sous le nom de Whitby, fondée en 657 sur la côte Nord-Est du Royaume-Uni, dans le Yorkshire. A cette époque, c’était en Northumbrie. Nous sommes donc chez les Saxons, mais en compagnie de Celtes d’Irlande. En effet, et c’est encore la partie historique avérée, c’est dans ce monastère qu’eut lieu, en 664 – date de l’enquête de sœur Fidelma, là dans la partie romanesque – le concile de Whitby. Ce fut une rencontre capitale entre les représentants de l’église de Northumbrie et ceux des églises celtes des cinq royaumes. A partir de cette date, le royaume de Northumbrie décide de suivre l’Eglise de Rome et donc de quitter ce que certains appelaient l’Eglise celtique, l’église de Colomba d’Iona comme la nomme parfois sœur Fidelma, adepte inconditionnelle de cette église…

Maintenant que nous sommes plongés dans cette époque, tentons rapidement de comprendre ce qu’était cette Chrétienté celtique. Certes, de très nombreux éléments seraient à mettre en valeur, mais je vais en choisir trois. Le premier est dans l’indépendance de cette église qui refuse de suivre Rome ou Byzance. C’est en Irlande et seulement là, au cœur des cinq royaumes, que l’on décide de ce qu’il faut croire et respecter. Le second point est dans l’appréciation du célibat. Pour les Celtes, le célibat n’est absolument pas un état supérieur aux autres, bien au contraire, et ils créent de très nombreux monastères doubles, c’est à dire où hommes et femmes vivent ensemble et où ils peuvent élever leurs enfants quand ils en ont… Troisième différence – ce dernier point sera régulièrement mis en valeur dans les romans – les chrétiens ne se confessent pas à un prêtre mais peuvent se confier à l’âme sœur qu’ils ont choisie.

Dernier préalable avant d’entrer dans le roman policier, l’auteur, Peter Tremayne, est un véritable Celte d’aujourd’hui, avec des ascendances bretonnes, galloises et irlandaises. Il est un véritable spécialiste de l’histoire de l’Irlande et tout ce que j’ai vérifié depuis que je le lis s’est avéré exact. J’ai donc tendance à penser qu’il est rigoureux en tant qu’historien avant de laisser aller son imagination dans la fiction…

Ce roman se déroule donc en 664, au moment du concile de Whitby, donc chez les Saxons et non en Irlande. Sœur Fidelma de Kildare (le nom de son monastère) fait partie de la délégation de l’église celtique. Cette dernière est là pour éviter le détachement des Saxons des Celtes. Une délégation est aussi venue de la partie romaine, les débats promettent d’être houleux. Mais voilà que dès le premier instant, un drame se produit. L’abbesse irlandaise qui devait exposer le point de vue celtique est assassinée dans sa cellule. Il est décidé, alors, de confier l’enquête à sœur Fidelma et à un moine saxon, Eadulf.

Pourquoi confier l’enquête à une sœur irlandaise ? En réalité, cette religieuse est à la fois particulière et de son temps. Précisons tout d’abord, qu’en Irlande, les femmes et les hommes ont des droits assez proches. On est loin de la Rome qui réduit l’existence de la femme à sa plus simple expression. Par ailleurs, Fidelma est la sœur de l’héritier présumé du royaume de Muman (Munster) et elle a fait des études juridiques qui lui ont permis d’acquérir le titre de dalaigh de droit brehon, sorte d’avocat de très haut niveau… Elle peut donc mener les enquêtes, un peu comme un juge d’instruction ou présenter une accusation comme un procureur… Ce n’est pas rien pour une religieuse et cela permet à l’histoire de rester crédible car à cette époque ce sont bien les monastères qui regorgeaient de clercs, donc d’intellectuels…

Comme les tensions entre Saxons et Celtes étaient fortes, pour contrebalancer l’aspect celtique de Fidelma, on fait appel à un moine saxon pour co-mener l’enquête, frère Eadulf de Seaxmund’s Ham. Le duo est ainsi formé par les événements et il va survivre de longues années… mais n’en disons pas plus !

Pour le reste, l’enquête, la première de la série, peut sembler sans grandes surprises mais à y regarder de plus près j’avoue avoir pris un grand plaisir avec le mécanisme policier, l’ambiance de l’enquête et la façon théâtrale de clore le travail et de tout révéler publiquement. Il y a un peu du Sherlock Holmes et du Poirot chez cette Fidelma…

Je suis donc prêt, indiscutablement, à lire quelques autres romans de cette série et même plus si affinité durable !

Shelton - Chalon-sur-Saône - 68 ans - 5 septembre 2013


Pas original pour deux sous, si ce n'est l'époque. 4 étoiles

En effet, l'unique atout de ce livre à mon sens, c'est le contexte historique, intéressant car peu usité, et encore, pour peu que l'on ne soit pas bloqué par l'avalanche de noms saxons ressemblants. Pour le reste, l'intrigue policière n'est absolument pas originale, les personnages finalement relativement peu intéressants. Bref, je vais m'arrêter au prologue de cette série.

Gooneur - TOULOUSE - 40 ans - 7 mars 2009


Très bonne série !!! 10 étoiles

A tous ceux qui aiment le moyen âge, qui aiment le policier, Soeur Fidelma de Kildare va vous conquérir!!!
Une dose d'intrigues bien ficelées, des personnages singuliers, dans un décor magnifique qu'est l'Irlande, saupoudré d'un peu d'histoire religieuse, voilà une bonne série policière qui commence!!!
Après ce tome, vous serez conquis et tout comme moi, vous vous ruerez sur toute la série.
A lire de tout urgence ++++

Julia. - - 40 ans - 4 octobre 2007