Naître à l'immense
de Anne-Marielle Wilwerth

critiqué par Débézed, le 8 avril 2023
(Besançon - 76 ans)


La note:  étoiles
En quelques mots seulement...
Dans ce nouveau recueil de poésie publié par la revue Les chants de Jane éditée par le Grenier Jane Tony, Anne-Marielle Wilwerth nous propose une nouvelle version de ses vers minimalistes : un poème de trois ou quatre vers sur quelques pages seulement, pour exprimer ce qui pour elle est essentiel même si c’est dans une fragilité et une légèreté arachnéennes. J’ai lu ces poèmes, un peu comme une coïncidence, juste avant de partir pour Bruxelles où je voulais faire découvrir à mon épouse la Fleur en papier doré, ce haut lieu de l’histoire culturelle bruxelloise, où est fixé le siège de l’éditeur de cette revue, J’ai été très désappointé, ce lieu de culture est désormais fermé, j’ose croire que cette fermeture n’est que temporaire.

J’ai eu la chance de lire quatre des dernières publications de cette revue et chaque fois, j’ai été convaincu par les poèmes qui y étaient proposés. Dans ce nouveau recueil, j’ai retrouvé la concision extrême d’Anne-Marielle, une économie de mots qui n’affecte en rien l’intensité qu’elle sait si bien mettre dans ses textes. Quelques mots pour créer une situation, une atmosphère, pour dire des états d’âme, l’amour, la vie, la mort… dans des vers affûtés comme les lames des plus fines rapières. Ainsi, elle puise au cœur des corps, des cœurs et des âmes, comme un légiste, pour y déceler la vérité des êtres et de leurs sentiments.

Elle définit ainsi l’espace d’une vie : « Entre nos rives / les grisants vertiges d’hier / l’éveil du devant / et le long rébus de chaque instant ». L’espace où les mots vont s’exprimer, se démener, pour éviter que l’on s’égare, « Lorsque que l’on se perd / Parmi les désordres du monde / le flux continu des mots / nous ramène toujours / au centre de nous-mêmes ». Sachant que : « Chaque traversée de soi / laisse des traces / que même l’après / jamais / n’efface ». Ainsi en quelques vers, en quelques mots, Anne-Marielle dit la vie que nous menons avec toutes les questions qui nous assaillent régulièrement, des questions qui ne trouvent pas toujours leurs réponses.

« Nous vivons à flanc de questionnement / cherchant l’ouvert / parmi les pierres », les vers d’Anne-Marielle nous suggéreront peut-être des réponses ? Des chemins de vie…