La trahison des limaces
de Pascal Weber

critiqué par Débézed, le 4 avril 2023
(Besançon - 77 ans)


La note:  étoiles
Sous les pavés : l'aphorisme
J’ai découvert Pascal Weber à la lecture de son précédent opus, La zizanie dans le métronome, dans cette même collection. Son éditeur en disait beaucoup de bien sur la quatrième de couverture et j’ai, moi aussi, bien apprécié ce recueil qui apportait alors un petit air de fraîcheur dans la déjà pléthorique collection des P’tits Cactus. Dans cette nouvelle publication, j’ai retrouvé ce que j’avais aimé dans la précédente : les bons mots, le jeu sur le sens des mots, le détournement des mots et expressions, son regard sur la littérature, notamment les aphorismes, et toute la poésie qui se love au creux de ses aphorismes. Le champ d’inspiration de Pascal est large, il dépasse nettement le champ littéraire et le jeu sur les mots, il s’étend notamment à sa vision du monde et de l’humanité.

J’ai choisi quelques aphorismes pour illustrer mon propos, j’ai tout d’abord bien aimé ce bon mot, non seulement il est drôle mais il comporte une certaine ironie qui m’a fait sourire : « Pour lutter contre le dérèglement climatique, l’Auteur a décidé de ne plus écrire qu’au 1° degré ». Le clin d’œil politique est bien visible et à peine moqueur. J’ai aussi retenu celui-ci : « Saint Pierre est mort d’un cancer du paradis », ça dépasse le jeu sur les mots, ça invente une situation surréaliste et ça interpelle aussi bien ceux qui croient que ceux qui ne croient pas. Quelques jeux sur les mots m’ont bien amusé : « Et mon recul, c’est du boulet ? aboya la Grossière Bertha », « L’occasion m’est donnée de parler de mon larron ». « Sous les pavés, le baril de pétrole » qui désolera quelques soixante-huitards nostalgiques des plages sous les pavés.

J’ai noté aussi, afin de ne pas les oublier, ces deux aphorismes qui montrent combien Pascal est attaché à ce genre : « Pour traverser mes aphorismes, le port du rêve est obligatoire », la part du rêve dans l’aphorisme est comme celle des anges dans un clavelin de vin jaune : indispensable ; et, je suivrai avec scrupule ses conseils, ou recommandations : « Ne pas écrire le Mauvais Aphorisme, ne pas publier le Mauvais aphorisme, ne pas lire le Mauvais Aphorisme ». Je m’y engage !
Et pour terminer comment ne pas conclure sur une note poétique, Pascal en a glissées quelques-unes dont celle-ci : « Les grains de sable sont des gouttes de pluie auxquelles aucun désert n’a appris à pleurer ». Il a aussi mis en valeur quelques mots rares que je vous laisse le soin de déceler.

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