Une somme humaine
de Makenzy Orcel

critiqué par Froidmont, le 1 avril 2023
(Laon - 32 ans)


La note:  étoiles
Zazie sous le métro
Une femme se tue au métro parisien. Tout le livre analyse son bout de destin et cherche à expliquer comment toute une somme de viol, deuil, déception et trahison des hommes pousse une jeune femme à l’ultime limite qui la libérera des douleurs qui l’habitent.
Notons aussi ceci : l’analyse est menée d’outre-tombe par celle qui s’est suicidée.

Cet ouvrage est puissant, sa verve est formidable. Sans oser accuser ce récit d’incroyable – car le monde est pluriel et il est bien possible qu’on vive au singulier tant de choses horribles –, j’objecte toutefois qu’il me semble un peu fort qu’à ce point sur un seul s’acharne tant le sort. Cela n’entame pas le plaisir que l’on a ; on en disait de même autrefois à Zola.
Néanmoins, j’avertis, si les phrases sans fin, ces serpents infinis qui s’étirent au loin, vous rebutent un peu ou vous cassent la tête, ce livre n’est pas fait pour plaire à vos mirettes. J’y trouve pour ma part un charme poétique, une fureur de dire, un hurlement lyrique qui m’emporte et m’enlève au pinacle des monts comme a seul su le faire un bon Claude Simon. J’étais donc frustré quand, pour m’arranger l’aigrette, ma coiffeuse disait d’enlever mes lunettes ...