Le bleu et la poussière
de Jacques Izoard

critiqué par Pucksimberg, le 25 mars 2023
(Toulon - 44 ans)


La note:  étoiles
Une belle plume
Ce recueil de poèmes de Jacques Izoard peut sembler déroutant par la brièveté des poèmes et par la puissance évocatoire des textes. L’on se prend à relire les poèmes pour mieux les interpréter et émettre certaines hypothèses. Le poète évoque de nombreuses thématiques comme l’enfance, le langage poétique, le désir, le vide … Parfois, ces poèmes relèvent de l’anecdote, mais ils sont aussi des constats, une pensée métaphorique, l’expression de sensations ou d’émotions … Le poète varie les sujets et sa façon de s’exprimer. Il embrasse le monde dans sa totalité : il peut parfois se focaliser sur l’infiniment petit avec le puceron comme évoquer aussi l’infiniment grand avec le ciel. La lecture de ces poèmes demande de la concentration car ils sont très courts et si l’on ne veut pas rater l’enjeu du texte, il faut donc rester bien attentif.

La couleur bleue et la poussière évoquées dans le titre du recueil sont très présentes dans les poèmes. L’ouvrage lui-même est d’un beau bleu. Cette couleur est associée au ciel, à l’encre, à ce qui peut égayer l’homme. Jacques Izoard rattache cette couleur à des éléments positifs. La poussière est volatile, renvoie à ce qui se désagrège, à ce qui échappe à l’homme. Ces deux motifs sont déclinés dans le recueil tel un fil conducteur qui guide le lecteur au sein de ces nombreux poèmes brefs. Le poète semble parler de son vécu dans certains textes, de son enfance, de ses désirs, mais il formule aussi des réflexions sur le genre poétique et sur le langage. On sent son attachement aux mots en le lisant. On imagine bien que le choix de certains termes vaut pour leur sens mais aussi pour leurs sonorités.

Malgré la brièveté de ses textes, Jacques Izoard nous invite à lire ses poèmes lentement afin de les apprécier à juste titre. Il faut prendre son temps pour entrer en résonance avec les textes et construire le sens avec le poète. En quelques mots, le lecteur a l’impression que d’un seul coup tout un monde s’ouvre pour délivrer une impression. Ces poèmes se savourent afin de délivrer leurs secrets.

« L’eau te jette à la figure
Sa propre inutilité.
Mais lave ton sommeil.
Mais lave ton âme.
Mais lave tes rêves.
S’empare de toi
La béate ignorance. »


« C’est ici, soudain, que les mots
Perdent chatoiements et extases ;
Coquilles vides, les mots meurent.
Dès lors, flottaison légère,
Les voici livrés à l’orage,
Les voici lacérés, tuméfiés. »