Vies de forêt
de Karine Miermont

critiqué par JPGP, le 25 mars 2023
( - 77 ans)


La note:  étoiles
L'entretien infini de Karine Miermont
Longtemps productrice puis directrice artistique pour la télévision, Karine Miermont, auteure de "Grace l’intrépide" (Gallimard, 2019) et de "L’Année du chat " (Seuil, 201), lorsqu'elle vivait à Paris elle fut la voisine de l'auteur et photographe Denis Roche qu'elle connaissait relativement peu. Néanmoins après son décès, elle éprouve le besoin de recréer, de souvenirs en photographies, de bribes de conversations en lectures, l’image de celui dont la disparition le révèle à elle soudain avec toute importance dans , "Marabout de Roche" chez le même éditeur.

Mais ici elle revient aux vallées, forêts des Vosges pour faire état de sensations vécues qui l'entrainent et nous avec en une narration- en partie chronologique car au fil des saisons - des vies quelles qu'en soient les natures (végétaux, animaux, êtres humains). Tout dans ces récits est de l'ordre du poétique tissé d'anecdotes, de références livresques, d'études. L'ensemble est écrit dans un style lapidaire, précis et enchanteur.

Karine Mierrmont défriche (sans rien arracher), décrypte. relève des indices, des traces, des signes non seulement d'hier et d'aujourd'hui. Les deux se nourrissent et l'auteur ne jette jamais le bébé avec l'eau de son bain. D'où cette mosaïque subtile au fil des jours et des réflexions nourries par des multitudes de points de vues. C'est en la fois ambitieux et simple. Et surtout intelligent. 4

Le livre tient ainsi de l'exception. La "divagation solitaire" n'a rien ici d'atrabilaire. C'es l'inverse là où la forêt parle en un choeur de vie dans son dedans comme dans son dehors en révérence - comme l'auteure le rappelle en conclusion - à son étymologie ("foris") qui donna en français autant le dehors (de la société) comme le forum où elle se rassemble.

Jean-Paul Gavard-Perret