Le bruit des trousseaux
de Philippe Claudel

critiqué par Rotko, le 3 novembre 2004
(Avrillé - 50 ans)


La note:  étoiles
Témoignage sur les prisons.
Philippe Claudel fut enseignant dans les prisons et il livre des instantanés de cette expérience. "Faux-témoignage", dit-il, car jamais il n'y passa la nuit. Il y a en effet une grande différence entre pénètrer dans une prison en sachant qu'on en sort sur simple demande, et y séjourner à temps complet ! le temps de la prison est le temps de l'attente : du parloir, du procès, de la libération etc...
On lit de courtes mentions de comportements de détenus, de gardiens, de parents, sans que l'auteur intervienne pour émettre un jugement ou un avis tranché.
Ces instantanés risquent d'être vite oubliés, c'est pourquoi je conseillerais pour accompagner cette lecture l'ouvrage de photos "hautes surveillances" de Matthieu Pénot chez Actes Sud : on y voit des "hurleurs", ceux qui, parents ou amis des détenus, font parvenir des nouvelles aux enfermés par des cris. Ces photos sont dramatiques.
Enseignant derrière les barreaux 5 étoiles

Un témoignage sur la vie en prison par un enseignant.
Il nous livre des petites tranches de vie , témoignages froids, sans jugements, ainsi que ses réflexions et ses questionnements.
C'est écrit de manière très original par petits paragraphes indépendants les uns des autres.
Je vois ce livre un peu comme une thérapie pour l'auteur après avoir enseigné 11 ans en prison, un peu comme une manière de se débarrasser d'un sentiment de culpabilité de ne s'être pas plus investi.
Ce petit livre est interposant, il se lit vite, mais me laissera peu de souvenirs.

Pierraf - Paimpol - 66 ans - 22 juillet 2018


Une découverte, le monde des prisons 10 étoiles

Nous avons tous l'impression de savoir ce qui se passe dans les prisons par ce que vous avons lu, vu, entendu par le biais de différents médias. Philippe Claudel nous apporte ici son témoignage de prof enseignant dans une prison. Ce prisme nouveau est très révélateur et nous donne une autre vision, crue mais aussi très humaine. Emouvant.

MEloVi - - 39 ans - 28 novembre 2011


un bon diagnostic 10 étoiles

« Le Bruit des trousseaux »


Derrière les murs... des hommes et des femmes !

Cette visite complète que nous offre l'auteur est édifiante.
L'enquête mi-journalistique, mi-sociologique nous fait découvrir un univers particulier méconnu et craint... à juste titre.
Philippe Claudel raconte ses rencontres avec les différentes personnes qui constituent l'univers carcéral et notamment les prisonniers dans toute leur diversité humaine.
Ancien professeur de lettres intervenant dans les prisons, il peut toujours qualifier son œuvre de « faux témoignage » parce qu'il n'a même pas passé une seule nuit en prison, on ne le croit pas...
Ce récit, ces tranches de vie sont authentiques, on est vite conquis et convaincu.
« La prison ressemblait à une usine. Une grande usine qui ne produisait rien, sinon du temps limé, broyé, réduit, des vies étouffées et des mouvements restreints »... Dire que certains apprentis sorciers, sécuritaires au possible et obtus veulent développer la prison pour jeunes mineurs!?

La plume est toujours alerte, les phrases s'enchaînent et les nombreuses biographies passent très vite mais laissent une empreinte presque indélébile.
L'auteur est dur avec certains mais ils le méritent:
« Les avocats toujours pressés, qui regardaient autour d'eux comme si la terre était constellée de crottes de chien ou de chiures de mouche. Exotique. »
Ce livre se lit vite et dès la première page le lecteur est accroché et reste ainsi jusqu'à la dernière ligne...
Pour quatre euros, il ne faut pas se priver...
Jean-François Chalot

CHALOT - Vaux le Pénil - 76 ans - 7 novembre 2009


A lire ! 8 étoiles

Encore une fois, Claudel soulève des questions difficiles.
Il nous ouvre les portes d'une réalité qui nous échappe le plus souvent : la vie en prison.

Pélisse - - 38 ans - 22 novembre 2008


La rude réalité … 8 étoiles

« Sur le trottoir, la première fois où je suis sorti de la prison, je n’ai pas pu marcher immédiatement. Je suis resté là, quelques minutes, immobile. Je me disais que si je le voulais, je pouvais aller à gauche, ou bien à droite, ou encore tout droit, et que personne n’y trouverait rien à redire. Je me disais aussi que, si je le voulais, je pouvais aller boire une bière, un Ricard, ou encore un cappuccino dans n’importe quel bistro, ou bien rentrer chez moi et prendre une douche, deux douches, trois douches, autant de douches qu'il me plairait. J’ai compris à ce moment que j’avais vécu jusqu’alors dans la jouissance d’une liberté dont j’ignorais l’étendue et les plus communes applications, voire l’exacte et quotidienne dimension. »

C’est exactement cela. On ne saurait mieux dire.
Philippe Claudel a été enseignant en prison et fait état des sentiments qui l’ont traversé lors de ses pérégrinations dans le milieu carcéral. Il ne s’agit pas d’un roman, il faut dire que Philippe Claudel ne maîtrise qu’un fragment de la situation. Il a passé des journées en prison, jamais de nuit ! Là est peut-être la barrière définitive qui effectivement sépare les visiteurs, intervenants divers de ceux qui sont … emprisonnés, privés de liberté.

« Voilà, je crois que j’ai tout dit. Tout dit de ce que je savais, de ce que j’ai retenu. Ce peut être un témoignage ou, plus exactement, un faux témoignage, car il me manque quelque chose d’essentiel pour parler de la prison, c’est d’y avoir passé une nuit. »

De petits coups de poing, de petits paragraphes, qui trouvent ou non leur cible et qui touchent quand elle la trouve. Du décousu sur onze ans d’intervention, à aller parler de littérature en prison. Des fragments, comme si la prison était lui-même un monde fragmenté … D’ailleurs il l’est. C’est le monde du discontinu par excellence. De l’à-coup, de l’impondérable et du non-prévisible.

Tistou - - 67 ans - 1 janvier 2008


Gardiens d'hommes plutôt gardiens de prisons 9 étoiles

Philippe Claudel nous relate ses souvenirs de professeurs dans une maison d’arrêt. Celui qui , dans un sens ou dans l’autre, recherche le sensationnel sera déçu : non, il ne crache pas dans la soupe… non, il ne présente pas les détenus comme victimes de la société… non, tous les détenus ne sont pas des anges. Aux antipodes de la caricature, sa présentation du milieu des prisons est objective, sans être ennuyeuse. Il y présente ses réflexions sur le système mais aussi sur les gens autour duquel ils gravitent. Ce sont autant de tranches de vies succinctes présentées comme un journal intime. Philippe Claudel ne se contente pas de photographier ce et ceux qui l’entourent, il y ajoute sa touche personnelle, tantôt grave, tantôt teintée d’humour.
A la lecture de ce livre, chacun pourra se faire une meilleure idée de ce monde forcément méconnu, et que l’on risquait donc de cataloguer.

Ddh - Mouscron - 82 ans - 14 septembre 2006


Prof en prison 7 étoiles

Ce livre est construit comme se forge une expérience d’enseignant, par une succession de moments disparates vécus au fil des années avec des élèves hétérogènes se succédant. Il n’est pourtant pas question ici de récits sur l’enseignement en prison.
“Le bruit des trousseaux” est un cumul de scènes isolées témoignant du quotidien ordinaire (mais terrifiant) du milieu carcéral. Petit à petit, l’auteur met en évidence que “la prison est un lieu d’innombrables lois non écrites, jamais discutées mais toujours appliquées.”
La vie du groupe pénitentiaire qui n’a cependant rien d’une collectivité y est dépeinte comme un kaléidoscope.
Pas de compassion, de jugement et même d’états d’âme. Seulement un ensemble de témoignages objectifs et surtout sensoriels.
Des scènes détachées qui s’accumulent pesamment et mènent aussi le lecteur à cette saturation qui a conduit Philippe Claudel à abandonner ses fonctions de “prof” en prison après plus de dix ans, tout de même.

Voni - Moselle - 64 ans - 3 janvier 2006


Instants derrière les barreaux 8 étoiles

Philippe Claudel nous livre une description dénuée de subjectivité, dans laquelle il présente des tranches de vie qui nous font survoler, effleurer ce que peut être la vie en prison. Un témoignage pour de faux en quelque sorte, mais qui a le mérite de dire la violence, la vérité contenue dans les paroles de ces détenus, l'absurdité du monde.

Doudou35 - RENNES - 40 ans - 22 décembre 2005