Les enfants de Cadillac
de François Noudelmann

critiqué par JPGP, le 20 mars 2023
( - 77 ans)


La note:  étoiles
François Noudelmann : généalogies et migrations
François Noudelmann, à partir des chaines de la généalogie, crée son prempier roman pour inscrire son rapport au monde. S'intéressant à sa famille, l'auteur montre que nul en maîtrise les existences - même si l'auteur a fouillé les documents familiaux comme d'un asile psychiatrique.

L'auteur n'échappe pas à l'imaginaire en trois modes narratifs et d'itinéraires : il, tu, je. Existe néanmoins une linéarité dans la question du nom et de générations en générations. Et ce à partir du grand-père lithuanien qui file vers l'ouest dans le désir d'appartenance à la nationalité française.

Noudelmann non seulement raconte ce qui est s'est passé pendant la guerre mais aussi à Saint Anne en divers moments de violence. Et ce jusqu'ensuite dans la petite ville de Cadillac où le grand père "mutilé du cerveau" est mort en 1941 lors de "l'hécatombe des fous".

Ce roman enquête ouvre tout un monde étrange plein d'histoires tragiques de tous ces "enfants". Il ouvre sur des terrains incroyables et de marge au nom du grand-père mais aussi du père trotskyste qui redécouvre sa judéité lors de cinq années de survie en Pologne.

Le "tu" de la "ventriloquie" permet de ne pas se mettre à sa place, tout en préservant empathie et distance dans le travail de remémoration du fils. Et ce, avant de finir son récit à travers la littérature populaire des Pieds Nickelés mais aussi Jack London premier contact avec la "vraie" littérature. L'ensemble crée une sensibilité particulière de ce que l'auteur nomme un "prédicat juif" qui s'étend à tout état de migration.

Jean-Paul Gavard-Perret