Dans ton tube
de Florence Andoka

critiqué par JPGP, le 16 mars 2023
( - 77 ans)


La note:  étoiles
Florence Andoka et les pharaonnes
Dans ce livre de récurrences astucieusement répétitives Florence Andoka se régale. Elle peut - sous le manteau - jouir de ses plaisirs coupables en faisant un sort aux influenceuses à la recherche d'amour virtuel et de clics pour se sentir exister comme d'ailleurs leurs fashion ou mentales victimes. D'où ces histoires de filles qui montent sur YouTube pour diverse raison afin de s'extirper de leur néant et se rendre dignes aux yeux de qui les prendra pour on ne sait pas quoi vraiment au juste.

Mais un tel flacon donne l'ivresse. Pour autant Andoka souligne le vide que cela suppose tant chez les filles prêtresses que leurs suiveuses bécassines qui sont prêtes à tout même à s'acheter la brosse à fesses qui leur a été conseillé. C'est désopilant, allègre, cruel là où le jeu de massacre passe par l'exemple. Certaines de ces filles se prennent pour des artistes et toutes pour des stars même lorsque leurs petites joues couperosées les sortent à peine de l'état de cadavres. Ce qui n'empêche pas les nanas "afficionnadas" aux doigts ondoyants sur la graisse vitrifiée de leur portable de tenter de suivre des doxas improbables.

Cela donne presque envie d'aller voir sur Youtube ce qui s'y passe. Andoka a le don en effet de transformer les vessies en lanternes là où les "self-love" deviennent de désopilantes machines désirantes d'une "morale" du temps. S'y retrouvent soins du corps et de la spiritualité. Les garçons eux-mêmes s'en mêlent et n'hésitent pas à prodiguer des conseils de maquillage pour mise en scène dans l'anthropocène.

Comme l'auteure le rappelle, en de telles vidéos nous sommes loin des frères Dardenne, et sous de faux soleils de spolights improvisés l'action est la soeur d'un vide parfait.

Jean-Paul Gavard-Perret