Suite à la destruction de l’Étoile Noire, la rébellion croyait en avoir fini avec l’Empire. Mais voilà que ce qui reste de la flotte impériale inflige coup sur coup de cuisantes défaites à la Nouvelle République, fondée par la rébellion. Il semble qu’un redoutable Grand Amiral, est bien décidé, à l’aide d’un énigmatique Jedi, à prendre sa revanche. La fragile Nouvelle République tremble sur ses bases: Leia évite de justesse une tentative d’enlèvement tandis que l’amiral Ackbar, accusé de trahison, est destitué...
Coruscant, Myrkr, Bimmissari, Dagobah, Nkllon, Jomark, Kashyyyk: voilà quelques-unes des planètes, aux noms parfois exotiques ou imprononçables, que l’on croise dans cette réjouissante trilogie, qui se présente comme une suite à l'épisode VI de Star Wars ! Issue à l’origine d’un travail de commande réalisée pour Georges Lucas, elle est tout à fait à la hauteur de sa réputation, celle d'être une des pièces maîtresses de "l'univers étendu" de la Guerre des Étoiles, et donne, à l’amateur starwarien, pas trop exigeant sur le plan littéraire cependant, beaucoup de plaisir.
La qualité d’écriture, même au regard de la moyenne des productions SF, n’est en effet pas exceptionnelle, à moins que la traduction n'y soit aussi pour quelque chose. Transitions vite expédiées, expressions bancales, descriptions sommaires, vocabulaire parfois limité (j’ai noté par exemple l’utilisation agaçante de l’adjectif "roide" à tout bout de champ): certains passages de la trilogie sont loin d’être satisfaisants de ce point de vue là. Il faut noter aussi que le lecteur de ce cycle est censé bien connaître les épisodes cinématographiques précédents, sinon il risque de ne pas saisir toutes les allusions.
La grande force de Timothy Zahn par contre est d’avoir réussi à garder tout à fait intact l’esprit des films des années 1980. En particulier, avec son personnage du Grand Amiral Thrawn, il parvient à donner un digne successeur à Vador. Thrawn a deux particularités originales: c'est le seul officier non-humain jamais nommé à ce poste par l'empereur, et il analyse les œuvres d'art de ses ennemis pour mieux comprendre leur logique de pensée et leurs faiblesses. L’intérêt de la trilogie repose donc pour une bonne partie sur le charisme du Grand Amiral, officier brillant, tacticien hors pair, meneur d’homme beaucoup plus subtil que Vador ou l’Empereur. En faisant commander les forces impériales par Thrawn, militaire pur et dur dénué du pouvoir de la force, Thimoty Zahn offre un angle inédit en donnant une certaine épaisseur aux problématiques organisationnelles et logistique de l’armée impériale, comme la formation des jeunes recrues dénuées d’expérience suite à la disparition des vétérans au cours de la bataille d'Endor (épisode VI) ou encore l'acquisition de bâtiments de guerre destinée à renforcer la flotte.
La qualité des nouveaux personnages secondaires, très attachants, que ce soit Talon Kaarde, chef des contrebandiers, la farouche Mara Jade, qui professe une haine tenace envers Luke Skywalker, le mystérieux peuple noghri ou encore le Jedi fou C'baoth, vient renforcer le charme du récit. L’intrigue est plutôt dense (parfois un chouia confuse) et le tempo élevé. Avec son lot de batailles spatiales, de retournement de situation et de complots, l’auteur réserve de nombreux moments d’anthologie qui donnent énormément de saveur à l’ensemble du cycle.
Fanou03 - * - 49 ans - 18 février 2016 |