Les mortels et les mourants: Petite philosophie de la fin de vie
de Yves Cusset

critiqué par Colen8, le 10 mars 2023
( - 82 ans)


La note:  étoiles
Autant en rire ? Propos d’un philosophe !
Le parti pris de l’humour bouscule l’aspect tragique de la fin de vie menant au décès, ou pas tout de suite. Aborder les derniers moments en soins palliatifs ou à l’aide de la philosophie, ça se discute. Apprendre à mourir n’est-ce pas l’objet même de la philosophie ? De prime abord la perspective de la mort déclenche un sentiment de terreur au point d’avoir un fréquent recours aux anxiolytiques. Inspiré par les pratiques palliatives le comédien normalien offre à lire pour en rire un enchaînement étourdissant de questions, de réflexions, de suggestions, de références qu’il manie avec un art sans pareil. Sa veine humoristique évoque celle d’un Raymond Devos.
L’affrontement de la finitude rapporté par les anciens depuis Platon, Sénèque, Epicure ou Montaigne s’effacent devant la psychologisation récente mise en avant par une Elisabeth Kübler-Ross pour conduire à l’apaisement. S’agit-il d’apaiser l’entourage du patient, les soignants eux-mêmes ? Le moribond n’en sera pas moins réduit à une solitude absolue après avoir perdu tout espoir. Les journaux intimes posthumes de celles et ceux qui ont eu le temps d’inscrire en littérature leur vécu quotidien avant le grand saut devraient inciter le législateur à la prudence. Jusqu’où le droit peut-il se substituer à une volonté personnelle instable jusqu’au dernier souffle ?
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