Sortir
de Benoît Conort

critiqué par JPGP, le 7 mars 2023
( - 77 ans)


La note:  étoiles
Benoît Conort : exister, disparaître
Conort y rappelle qu’à l’annonce de l’aurore de la vie il existe déjà un sentiment aride de l’existence. Sortir, « c’était sans transition l’escalier une cour ses pavés disjoints/ Si peu d’herbes/ On était dehors ». D’où le sentiment éperdu de l’enfant chargé de honte dans le rouge de ses vêtements avant de retourner dans l’ombre du dedans.

Le "je" se déplace vers le "on", si bien que sortir reste une manière de demeurer en soi et anonyme. Au sein de promenades en solitaire l’enfant qui fut loustic et moucheron n’en dira pas plus. Nous sommes donc invités à une sortie qui ne se fait pas forcément dans la splendeur du jour. La poésie est fantômale, implicite : c’est ce qui la rend fascinante quoiqu’en rien épiphanique. Elle rappelle une douleur sourde. Le corpus constitué n’est pas forcément jubilatoire mais expropriateur : l'homme qui croit s'emparer de tous les trésors ne récolte au bout du compte que des ruines.

Jean-Paul Gavard-Perret