Libre et légère
de Edith Wharton

critiqué par Dirlandaise, le 31 octobre 2004
(Québec - 69 ans)


La note:  étoiles
Un mauvais choix !
Premier livre écrit par Edith Wharton à l'âge de 15 ans, sous le pseudonyme de David Olivieri. La belle et capricieuse Géorgie renonce à son amour pour épouser un homme riche de quarante ans son ainé. Évidemment, elle se rend compte de son erreur trop tard et devenue veuve, elle retourne à son premier amour qui n'est, hélas, plus libre. L'histoire finira mal pour Géorgie mais Guy, son amour de jeunesse, épousera une femme rencontrée lors d'un séjour en Italie et vivra une vie heureuse.
J'adore Édith Wharton !!!! Ses livres sont rafraîchissant et j'éprouve un grand bien être en les lisant. Le romantisme y est présent à chaque page et le milieu décrit me fascine. La vie des gens riches et oisifs est un des thèmes qui revient souvent sinon toujours dans les livres de cette auteur. Les personnages sont attachants et les sentiments sont à l'honneur. Les intrigues sociales, les difficultés du couple. les conventions astreignantes tissent la trame de cette triste histoire d'amour. "Madeline est heureuse dans un foyer paisible et ensoleillé; la santé lui revient, et ses devoirs sont délicieux auprès du plus joli petit garçon qu'une mère puisse rêver de bercer en chantant ou de réveiller avec des rires et des baisers, et auprès d'un mari qui est le sérieux, la gentillesse et la délicatesse même. Mais le coeur de Guy Hastings gît sous les violettes dans la tombe de Georgie Rivers."
Décidément, je resterai toujours une éternelle romantique....
Une oeuvre de jeunesse 8 étoiles

Libre et légère ("Fast and loose"), fut écrit par Edith Wharton en 1876. L'auteur était âgée de 14 ans. Tous ses grand thèmes sont déjà dans cette œuvre de jeunesse, et la maturité et l'intelligence de la jeune fille est stupéfiante.

Tout comme Dirlandaise, je raffole du romanesque débridé des histoires de Wharton, surtout que c'est servi par une écriture époustouflante, l'auteur a l'art de la formule au plus haut point ce qui rend la lecture très amusante. Et ce qui est épatant c'est sa capacité de se renouveler en abordant toujours les mêmes thèmes. Je comprends les réticences de Mieke, en effet par moment l'histoire parait naïve et un peu à l'eau de rose, mais je ne partage pas du tout son avis car le côté bluette du premier degré ne masque pas les profondeurs de l'œuvre de Wharton je trouve.

En plus de ce court roman, l'édition contient une satire féroce du monde des critiques littéraire ("Expiation"). En outre, dans un petit interlude plein d'humour, Wharton imagine aussi deux critiques pleines de fiel sur son propre roman, ce qui montre sa lucidité et son auto-dérision.

Voici un petit extrait, qui montre la joliesse de sa plume : "Je m'étonne souvent du peu dont se contentent les gens pour être heureux. Il leur faut si peu de temps pour oublier un chagrin, si peu de choses pour s'en consoler ! La formule de Salvandy quant à la politique, "Nous dansons sur un volcan", vaut pour le vie en général. Nous sautons d'un pas allègre par-dessus les tombes nouvelles et les abîmes de la souffrance et de la séparation ; nous rapetissons les lambeaux de notre bonheur ; mais parfois nos douleurs reniées brisent la mince barrière que nous avons dressée pour les éloigner et nous regardent durement au fond des yeux..."

Saule - Bruxelles - 59 ans - 29 septembre 2008


un conte moral 4 étoiles

Fin dix-neuvième siècle, dans l’aristocratie anglaise, Georgie, une jeune femme de 18 ans, décide de rompre ses fiançailles et d’épouser le vieux Lord Breton souffrant de goutte mais immensément riche, après avoir analysé la situation en ces termes : « Disons que je suis amoureuse de Guy… si je n’ai pas de cœur, comment pourrais-je aimer ?... mais disons que je suis amoureuse de lui. Il est pauvre, plutôt dépensier, et aussi lascif et paresseux que moi. Alors, de quoi vivrons nous ? Il faudrait que je reprise mes robes, que je fasse moi-même les courses… Je ne pourrais pas aller au bal, ni faire du cheval, ni plus rien de ce qui est intéressant dans la vie. Ce ne serait que radinerie, rapiéçage et famine… Je deviendrais mauvaise, Guy deviendrait mauvais, et nous nous disputerions tout le temps, tout le temps ! Maintenant… considérons l’autre aspect de l’affaire. Premièrement, Lord Breton est véritablement amoureux de moi. Deuxièmement, il est vénérable, endormi et attaché à ses habitudes… il me laisserait deux fois plus de liberté que ne le ferait un jeune homme. Troisièmement, j’aurais trois belles demeures, un tas de chevaux et autant de robes que je pourrais en porter… et je suis très douée dans ce domaine !... et je n’aurais rien d’autre à faire qu’à jouer les coquettes avec tous les beaux garçons à qui j’aurais décidé de faire tourner la tête. Quatrièmement, je serais Lady Breton de Lowood, et la première dame du pays. Chic ! ». Mais passé un premier moment de gloire, son destin la rattrapera.

Soyons honnête, ce roman, ou plutôt cette longue nouvelle, n’est pas extraordinaire. Elle regorge de clichés, présente une série de personnages inconsistants au caractère peu élaboré qui servent une trame révélant peu de surprises, le tout portant une histoire on ne peut plus moralisatrice. Le style est néanmoins agréable à la lecture, ponctué de petites trouvailles littéraires, mais n’échappe pas à certains imperfections. Par contre, si l’on sait que ce roman est le premier d’Edith Wharton et qu’elle l’a écrit à l’âge de 14 ans, on ne peut qu’être impressionné par sa culture littéraire, la maturité avec laquelle elle observe la société qui l’entoure et son étonnante précocité annonciatrice d’une carrière d’écrivain de grand talent.

Mieke Maaike - Bruxelles - 51 ans - 31 octobre 2006