Les Nétanyahou: Ou le récit d'un épisode somme toute mineur, voire carrément négligeable, dans l'histoire d'une famille très célèbre
de Joshua Cohen

critiqué par Missef, le 19 février 2023
( - 58 ans)


La note:  étoiles
Trop fastidieux
Présentation de l'éditeur :
Hiver 1959-1960, une petite ville de l’État de New York. Ruben Blum est historien, fils de parents (névrosés et excentriques) d’origine russo-ukrainienne, gendre de beaux-parents (plus névrosés et excentriques encore) d’origine germanique, et père d’une jeune fille qui a hérité de la folie familiale. Il enseigne à l’université de Corbin où il est le seul professeur de confession juive, ce qui fait de lui, par de sombres raccourcis, la personne idéale pour évaluer la candidature d’un spécialiste de l’Inquisition, juif lui aussi : Ben-Zion Nétanyahou. Mais lorsque, de la voiture de l’universitaire, c’est toute la famille qui sort, la soirée prend une tournure inattendue… et promet de rester dans les mémoires !


Mon avis :
Alléchée par la présentation de l'éditeur, qui semblait annoncer une chronique familiale, entre satire et folklore, j'ai eu la chance de recevoir ce livre dans le cadre de la Masse Critique de Babelio (merci à Babelio et à J'ai Lu).
Je dois dire malheureusement que cette lecture n'a pas été à la hauteur de mes attentes (et de la 4ème de couverture). Est-ce parce qu'il me manque les références culturelles d'un Juif Américain ? Toujours est-il que j'ai trouvé les chapitres relatifs à l'histoire, l'historiographie et plus généralement à tout ce qui se rapporte au domaine académique extrêmement fastidieux, bien trop en tout cas pour que l'ironie qui les imprègne suffise à en dynamiser la lecture. Quant aux chapitres "familiaux", si les familles dépeintes (celle du narrateur, des sa femme et des Nétanyahou) sont bien aussi névrosées et dysfonctionnelles qu'annoncé et donnent lieu à des saynètes effectivement cocasses, les pages qui y sont consacrées peinent à procurer la moitié de ce qu'un film de Woody Allen offre au spectateur. Aucun des personnages n'intéresse assez pour que ses faits et gestes retiennent l'attention.
Le New-York Times considère Joshua Cohen comme l'un des plus grands romanciers contemporains... J'admets être perplexe. Il ne suffit pas d'être intelligent pour faire un bon roman, il faut aussi toucher un peu son lecteur.
Entre virtuosité froide et satire familiale réussie 6 étoiles

Ruben Blum, premier et unique enseignant juif de l’université de Corbin, est requis pour évaluer la candidature d’un postulant, juif lui aussi, en la personne de Ben-Zion Nétanyahou. Tel est le point de départ des « Nétanyahou », annoncé comme une satire de la communauté juive américaines, entre tentations sionistes et désir de se fondre dans le paysage. Pourtant, avant de parvenir aux scènes familiales et cocasses, le lecteur doit s’infliger toute une série de réflexions ironico-culturello-historiographiques assez indigestes ou servies dans une traduction qui, sans être maladroite, loin de là, fait cependant parfois un usage assez curieux des temps verbaux et ne va pas dans le sens de la clarification du propos. Peut-être aussi suis-je trop inculte notamment en matière d’Inquisition, d’histoire des Juifs américains, etc…
En revanche, lorsque Joshua Cohen dépeint sa famille, sa belle-famille et la déferlante Nétanyahou, on se prend très souvent à sourire. L’auteur a indéniablement un don pour saisir tel travers ridicule, tel défaut pittoresque, telle mesquinerie si profondément ancrée dans un caractère qu’elle ne cherche même plus à se cacher. Bien entendu, j’ai automatiquement pensé à Woody Allen, mais peut-être est-ce en raison de l’indigence de ma culture en matière de satiristes juifs américains.
Une lecture dont je ressors donc mitigée, car j’ai parfois eu l’impression d’avoir affaire à des morceaux de virtuosité n’ayant que fort peu le plaisir du lecteur en ligne de mire.

Reginalda - lyon - 57 ans - 19 février 2023