Ascanio
de Alexandre Dumas

critiqué par Koolasuchus, le 16 février 2023
(Laon - 34 ans)


La note:  étoiles
Orfèvre enflammé et duchesse éconduite
Benvenuto Cellini, artiste italien, est devenu l'orfèvre du roi François Ier. Son atelier est cependant trop exigu pour les merveilles qu'il souhaite réaliser. Suite à une idée soumise par Ascanio, l'un de ses apprentis, il décide de réclamer au roi la jouissance de l'hôtel inhabité du Grand-Nesle, bien qu'il soit, théoriquement, propriété du prévôt, s'attirant ainsi l'inimitié de ce dernier ainsi que de sa protectrice, la duchesse d'Étampes. Pour Ascanio, il s'agit surtout de se rapprocher de Colombe, la jeune fille qui fait battre son cœur, fille dudit prévôt et qui loge au Petit-Nesle. L'installation de l'artiste et de ses ouvriers va donc être ainsi le point de départ d'une série de chassés-croisés amoureux mêlée de complots et de volontés contraires qui vont faire du Grand-Nesle un lieu où les passions vont se déchaîner.

Comme à son habitude, Alexandre Dumas s'inspire de personnages ainsi que d’événements ayant réellement existé pour y greffer un certain nombre de développements tout droit sortis de son imagination et le résultat est encore une fois des plus plaisants. Toutefois, même si le nom d'Ascanio est mis en avant, c'est bel et bien Benvenuto qui est le véritable héros de ce récit, son apprenti restant un peu falot, de même que Colombe, bien gentille mais peu marquante. L'orfèvre est en effet un personnage assez fascinant, pouvant être tout aussi bien réfléchi qu’impétueux, calme que déchaîné, terrible qu'amusant. Malgré cette écrasante personnalité, le roman laisse tout de même suffisamment de place au reste de la distribution, notamment la duchesse d'Étampes ou bien Jacques Aubry. Il faut toutefois reconnaître que certains s'en sortent un peu moins bien tels que le comte d'Orbec ou bien encore Charles Quint.

L'intrigue quant à elle est menée sans vraiment de temps mort et même si l'on voit un peu comment cela va se terminer ce n'est pas bien grave car le récit est riche en péripéties, coups bas et déclamations enflammées dans le plus pur style de Dumas. On peut cependant être légèrement frustré face à quelques pistes narratives qui ne débouchent sur rien. L'exemple le plus marquant est l'apparition de Charles Quint, alors que je m'attendais à ce que l'histoire prenne une tournure plus ambitieuse et plus politique étant donné qu'un chapitre est narré de son point de vue, cela ne mène au final à rien et n'offre ainsi qu'une digression franchement dispensable.

Malgré ces quelques imperfections, ce roman de Dumas compense toutefois par quelques passages assez originaux et le charisme de Benvenuto Cellini. Il en est même dommage que ce dernier se contente d'être le protagoniste d'un seul ouvrage car il y avait vraiment matière pour en écrire quelques uns de plus.