Le tour du monde en 80 jours ouvrables
de Michel Delhalle

critiqué par Débézed, le 16 février 2023
(Besançon - 76 ans)


La note:  étoiles
Une belle cueillette d'aphorismes
Comme l’écrit son préfacier, Denis Colette, Michel Delhalle est un passionné d’aphorismes, il les cueille comme un Bourguignon cueille des escargots au printemps, les collectionne et les recopie comme un moine bénédictin dans son scriptorium. Il a ainsi compilé environ deux mille aphorismes dans « Belgique, terre d’aphorismes », une véritable anthologie des aphorismes belges publiée chez ce même éditeur grand spécialiste de la forme ultra courte.

Dans le présent recueil, Michel propose les derniers produits qu’il a cueilli et comme les ramasseurs de champignons, il a de nombreuses variétés dans son panier. J’ai essayé de les classer comme j’ai pu, à ma façon, car tous les aphorismes sont différents et possèdent chacun leurs qualités et spécificités. Néanmoins, je les ai regroupés pour facilité la lecture de cet échantillon et la rendre la moins fastidieuses possible.

En premier lieu, j’ai noté des mots d’esprit comme ceux-ci :

« Il a échoué à l’examen d’entrée et n’a jamais trouvé la sortie »
« Pour être à la page il faut vivre entre les lignes »
« La spiritualité représente la lingerie fine de la philosophie »

Puis, des jeux sur le sens des mots :

« La vérité fait des faux »
« La fille qui se déshabille se dérobe »
« Quand la rime est riche le poète gagne sa vie »

J’ai aussi relevé que Michel avait une véritable passion pour les aphorismes qu’il évoque souvent dans ce recueil :

« L’aphorisme est l’oxygène de l’esprit frappeur »
« Usez de l’aphorisme comme d’un apéritif »
« Les aphorismes représentent l’aristocratie des formes brèves »

Il aime aussi à évoquer la poésie et les poètes :

« Ton souvenir se perd dans la chanson du vent »
« La prose c’est la poésie qui fait l’école buissonnière »

L’humour, noir, absurde, grivois et autrement encore fait elle aussi partie des flèches qu’il décoche avec adresse :

« Quand mon piano est content il remue la queue »
« Personne ne recherche la peine perdue »

Je conclus mon échantillon par ces deux aphorismes que j’ai particulièrement appréciés. Celui concernant les esclaves est à lui seul un exposé sur l’esclavagisme, s’il n’était pas si tragique il serait particulièrement drôle. L’autre, c’est juste pour me faire plaisir et narguer un peu nos amis qui nous ont quitté si peu élégamment et qui trichent si impunément quand il essaie de nous battre sur les terrains de rugby :

« Le courrier a été affranchi avant l’esclave »
« Dieu a créé les Anglais pour emmerder les Français »