Correspondance, 1918-1962
de André Breton, Jean Paulhan

critiqué par JPGP, le 13 février 2023
( - 77 ans)


La note:  étoiles
Paulhan - Breton : éloge de la distance
Cette correspondance de plus de 40 ans nous place au coeur de la littérature en effervescence de la première moitié du XXème siècle. D'un côté le Surréalisme et des remugles, de l'autre la défense et illustration de la littérature par la NRF.

Son directeur comme le pape du surréalisme se retrouvent en complicité intellectuelle. Paulhan a d'ailleurs frayé un temps avec les aventures post-dadaïstes, mais ayant compris combien le patriarche du rêve jouait de ce qui tenait d'une avant garde et d'une institution (non forcément la NRF mais celle que Breton voulait imposer extra-muros) il s'en éloigna quelque peu..

Paulhan est moins animé de volonté de puissance que Breton. Et cela n'est pas sans importance pour une si longue amitié. On sent toutefois que les motivations de Breton ne sont pas sans buts intéressés. Il voit en Paulhan un vecteur er reconnaissance non négligeable à ses yeux.

Paulhan n'est pas dupe. Mais si l'amitié est distante elle existe réellement. Elle anime ces missives où s'anime le tout Paris (à l'époque le presque tout monde) des lettres et des arts. La modernité est là et permet de mieux comprendre le rôle et la philosophie de deux écrivains importants. Paulhan peut-être plus que Breton lui-même. Car celui-ci allait se perdre dans une littérature discursive, Paulhan lui allait vers l'affinement d'une exigence littéraire encore insuffisamment mise en lumière aujourd'hui.

Jean-Paul Gavard-Perret